Avant d’entamer la critique de ce BITTMS, il est utile de vous lister l’évolution de ma relation avec Travis Scott. Je l’avais entendu la première fois sur l’album Cruel Summer de GOOD Music, projet orchestré par Kanye et réunissant pléthore d’artistes (Pusha T, Kid Cudi, Common ou encore Raekwon, suffisant pour attirer mon attention). Ce fut donc l’occasion pour moi de me pencher plus précisément sur l’artiste en solo. Très intrigué par un Owl Pharaoh pas forcément régulier mais plutôt unique en son genre, j’ai été très content de voir que le potentiel de l’artiste se développait de la bonne manière dans Days Before Rodeo qui est un projet que j’écoute encore assez souvent. Rodeo fut une véritable claque, un album que je peux quasiment écouter de la première à la dernière piste sans me lasser, et ce même une année après sa sortie. Clairement, Travis Scott est entré dans les artistes qui m’ont convaincu en 2015. Et pourtant, ce n’est pas forcément le type de « Rap » auquel j’adhère naturellement. Le monde et l’extravagance de Travis Scott m’attirent musicalement parlant.


C’est toujours très difficile de confirmer après la réussite d’un premier album solo. Que vaut donc ce BITTMS ? A la première écoute, une chose apparaît clairement : Travis Scott nous propose quelque chose de moins varié que Rodeo, que ce soit en terme de flow ou d’instrumental. Cependant, le projet ne nous lasse pas, et c’est un bon point.


L’album démarre parfaitement bien avec un morceau en featuring avec Andre 3000, artiste que je respecte énormément, et que j’apprécie. Un invité de marque pour commencer, et une réussite. Le son est partagé en deux parties, Travis Scott nous montre plusieurs facettes de son flow (comme il a déjà pu le faire dans ses précédents projets). Le couplet de Andre 3000 est intéressant et parle de son passé dans les rues d’Atlanta, passé qu’il ne peut oublier, avec lequel il doit composer. Un très bon démarrage.


Way Back et Through The Late Night réunissent Travis Scott et Kid Cudi. Une réussite également qui me laisse penser que le Man on the Moon is definitely back (pour notre plus grand plaisir). Way Back fonctionne en deux parties, comme la piste introductive. Et la deuxième partie est géniale. Coordinate est en featuring avec Blac Youngsta que je ne connais pas vraiment. Son passage est purement introductif dans ce morceau. Travis fait le reste et le fait parfaitement. L’instru est géniale, le flow aussi.


Malheureusement, ce départ en fanfare est freiné par certaines pistes qui ne sont pas très intéressantes : Beibs in the Trap notamment, où Nav (que je découvre) ne me convainc pas. Sweet Sweet semble être ici pour donner un peu plus d’épaisseur à l’album, bien que la mélodie soit « douce douce ». Enfin, Outside n’est pas non plus incroyable. Je ne me suis jamais penché sur les projets de 21 Savage. Son couplet ne m’a pas marqué. Les lyrics sont assez classiques : ne t’avises pas de toucher à quelqu’un de mon crew, sinon représailles il y aura. La production n’est pas non plus incroyable. L’interlude, SDP (Smoke some, Drink some, Pop one : vous avez là l’intégralité des lyrics) en featuring avec Cassie fait plaisir. Elle reprend un sample du morceau « You and I » de Washed Out, et c’est un réussite pour moi. Une note positive dans cet enchaînement de sons quelconques.


Arrive enfin LA PISTE la plus intrigante du projet avant même de l’avoir écouté : Goosebumps en featuring avec King Kendrick comme Travis le cite si bien. Une réussite à la hauteur du talent des deux artistes. Une belle collaboration même si les références de Kendrick sont parfois difficiles à suivre lorsqu’on ne connaît pas forcément beaucoup de choses de la culture américaine. Cependant, on apprécie le flow de l’un et de l’autre. Et on retrouve surtout une instru qui nous emmène ailleurs.


La fin de l’album n’est pas la plus marquante. Lose et Guidance sont pour moi des faux pas : deux pistes présentes pour compléter l’album qui aurait pourtant pu se contenter de 12 morceaux sans problème. Le featuring avec Bryson Tiller est évidemment axé sur une histoire de « love », c’est d’ailleurs pourquoi j’ai du mal à accrocher avec cet artiste bien que son flow m’intéresse. L’instrumentale est bonne cependant. Pour sauver cette fin d’album relativement décevante, deux sons se distinguent. Travis Scott me confirme qu’il est bien le seul artiste capable de rendre Young Thug écoutable (les bons retours de "No, My Name is JEFFERY" vont quand même m’inciter à retenter l’expérience Thug, à voir). Ce fut déjà le cas avec Maria I’m Drunk dans l’album Rodeo qui en plus de me faire apprécier Young Thug m’avait aussi fait apprécier Justin Bieber, Travis Scott est un magicien c’est vrai. Enfin, la piste de qui conclut cet album est Wonderful en featuring avec The Weeknd qui lui aussi ne m’a jamais trop attiré dans son style musical, mais que j’avais trouvé intéressant dans Pray For Love issu de Rodeo encore une fois. Le son est top, les deux artistes fonctionnent bien ensemble, c’est une valeur sûre.


Contrairement à Rodeo, plusieurs sons ne passent clairement pas. Lose et Guidance sont par exemple des tracks qui auraient pu être supprimées à mon goût. Pour le reste, on trouve du bon et du moins bon. Coordinate et Goosebumps sont mes morceaux favoris. Au final, je suis assez tiraillé entre la satisfaction de voir que Travis Scott continue à produire des musiques qui entrent totalement dans son univers, mais aussi un peu déçu de constater que certaines instrumentales me paraissent bâclées. Peut-être lui aurait-il fallu plus de temps pour développer cet album. Quoiqu’il en soit, Astroworld est déjà prévu pour 2017, et ma curiosité reste intacte après ce BITTSM qui s’impose quand même comme un bon album en cette année 2016. Le travail a majoritairement été bien fait. D'ailleurs, rien que pour le magique "S'il vous plaît" de Cudi dans Through the Late Night, l'album mérite son 7 !

Comeaulo
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le 8 sept. 2016

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