C'est hype, oui, mais c'est surtout bien.
Le jour où j'ai découvert Fauve, ils étaient invité à l'émission Comme on en parle de Pascale Clark sur France Inter. Je les trouve sympatoches, j'apprécie l'idée qu'ils n'aient pas de noms, et je suis bien curieux de découvrir leur musique...
Commence alors Nuits Fauves, et en quelques secondes je suis sous le charme. Les paroles me happent, me paralysent et me bouleversent, c'est le coup de foudre.
Avide d'en découvrir plus, je file sur Youtube et découvre les 3 titres supplémentaires, Sainte Anne, Kané et 4.000 Îles. Le constat est alors sans appel : j'aime les paroles, la musique, la voix, l'imagerie... Je suis amoureux.
À cette époque, Fauve n'est pas encore très connu, et c'est très bien comme ça.
Puis un jour arrive le clip de Blizzard, 8 minutes impressionnantes par l'ambition qu'y met le groupe, enfin le collectif. Et ces mots, cette phrase toute simple qui fascine : "Tu nous entends le Blizzard ? Tu nous entends ? Si tu nous entends, vas te faire enculer !"
Le succès du groupe fait plaisir, mais il est désormais devenu hype, et arrive un mouvement de masse auquel le groupe n'était pas préparé.
Fort heureusement, Fauve n'y a pas perdu son âme, Fauve est plus fort que ça. Et il prépare gentiment son EP...
Pour ma part, j'attends religieusement la date du 20 mai, comptant les jours.
Le jour J arrivé, je lance la galette comme un gamin ouvrant ses cadeaux le matin de Noël...
Trente minutes de bonheur, trente magnifiques minutes de beauté. Et je sais que cet EP n'est pas prêt de me quitter... Ça n'est pas un chef d'oeuvre, ni même une grande oeuvre, mais dans un sens c'est bien plus que ça. Fauve à de nombreux défauts, ils sont difficilement niables, mais on s'en fiche, on les ignore sans effort et on se concentre sur la puissance dévastatrice de leur travail. La force de leur musique, c'est de ne jamais être plombante (sauf Sainte Anne), au contraire, elle vous donne un énorme coup de pied au cul et, si j'ose aller jusque là, vous rend réellement heureux.
D'ailleurs, on pourrait facilement attribuer l'absence de Sainte Anne à sa trop faible qualité, mais je préfère y voir un message : Fauve est optimiste, la vie c'est peut être de la merde, mais ça va changer, parce que demain c'est mieux.
Fauve c'est des paroles donc, des paroles qu'on pourrait avoir écrites mot pour mot (dans l'absolu bien sûr), mais c'est aussi de la musique.
On en parle vraiment pas assez de la musique chez Fauve, et pourtant sans elle les paroles ne fonctionneraient pas, il faut le dire. Je ne me lancerai pas dans le jeu des comparaisons, parce qu'il est plutôt difficile dans le cas présent, et surtout parce que Fauve c'est unique, et qu'il faut l'entendre pour l'imaginer.
Au final, cet EP, s'il n'offre pas grand chose dans la mesure où l'on connaissait déjà tous les titres, constitue malgré tout une belle première étape. La première pierre, on l'espère, d'un immense édifice.
Car le succès fou passera peut être, mais Fauve a su résister à son arrivée, alors pourquoi ne supporterait-il pas son départ ? Je ne parle pas bien sûr de la perte totale de son public, mais simplement d'un effet de mode qui s'en ira.
Pour finir, un mot sur Fauve en live. C'est une jolie expérience, assez impeccable sur la forme et puis il y a forcément un énorme plaisir au simple fait d'assister à un de leurs concerts. Fauve est généreux, et ils y mettent du coeur, cependant, on pourrait tout de même avancer que l'expérience live n'apporte pas grand chose à la version studio, ils n'offrent pas une nouvelle interprétation à leurs titres, mais c'est beaucoup demander.
Voilà, je vois que je ne me suis pas beaucoup attardé sur les points noirs du groupe, pourtant il y aurait des choses à dire. Mais d'autres le feront mieux que moi, et je préfère simplement remercier Fauve, merci d'offrir ça à la musique, et même au monde, qui en ont bien besoin.
