Voilà déjà plusieurs années que je souhaitais écouter un album de Simon & Garfunkel ; c’est désormais chose faite avec Bridge Over Troubled Water, qui est aussi leur dernier. Difficile déjà de se détacher des quatre tubes qui jalonnent l’œuvre : à elles seules, les trois premières pistes ne proposent rien que du très connu. Et portant, ces trois chansons ont beau avoir été écoutées et réécoutées à maintes reprises, elles ne perdent rien de leur beauté et n’ont certainement pas volé leur succès. La tristesse inouïe de « Bridge Over Troubled Water », l’apaisement procuré par « El Condor Pasa (If I Could) » et l’entrain de « Cecilia » fonctionnent toujours et, disposés ainsi à la suite les uns des autres, démarrent l’album sous les meilleurs auspices. Une question se pose néanmoins : la présence de quatre tubes importants dans ce disque suffit-elle à en faire un grand album ? Le risque de déséquilibre est grand, mais il s’avère rapidement que Bridge Over Troubled Water peut rejoindre Rubber Soul, Breakfast In America et Magical Mystery Tour dans la liste de ces chefs-d’œuvre aux multiples tubes. L’album passe ainsi avec brio d’ambiances calmes et mélancoliques à des rythmes surexcités, tout en dessinant un portrait plein de vie de New York City. Bridge Over Troubled Water a beau être un album testament, il a des allures de sommet de discographie. À l’inverse de Let It Be, sorti la même année, qui montrait les Beatles sous un jour funeste, il exalte la vitalité d’un duo qui en aurait encore à revendre. Alors certes, cela l’empêche peut-être d’être aussi bouleversant que Let It Be malgré l’imperfection plus prononcée de ce dernier, mais il atteint tout de même une beauté équivalente et s’inscrit clairement comme un album aussi important – et encore, peut-être m’aurait-il plus bouleversé que le testament des Beatles si j’avais auparavant écouté le reste de la discographie de Simon & Garfunkel.


Ainsi, à côté de ce monument qu’est « The Boxer », sorte d’apothéose intelligemment placée en milieu d’album, trouve-t-on des petits joyaux sensibles (« So Long, Frank Lloyd Wright », « The Only Living Boy In New York »), nerveux (« Keep The Consumer Satisfied ») ou exaltants (« Bye Bye Love »). Cette dernière chanson est d’ailleurs bien représentative de l’esprit de l’album, capable de chanter les situations les plus déchirantes tout en conservant une tonalité positive.

Skipper-Mike
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le 16 sept. 2017

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