Burn My Eyes
7.4
Burn My Eyes

Album de Machine Head (1994)

En 1992, alors que le thrash est enterré par la montée en puissance du grunge et le changement de style amorcé par le Black Album un an plus tôt, le jeune Robb Flynn, membre du groupe de thrash Vio-lence, s'apprête à frapper un grand coup dans le metal. Son groupe ne voulant pas entendre parler de certaines de ses compositions, il décide de les quitter et crée Machine Head, qui va donner naissance au Burn My Eyes, album aujourd'hui légendaire catégorie "grosse droite dans ta gueule".

En effet, pas question ici de subtilité. Cet album est unidimensionnel, va à l'essentiel sans s'embarrasser d'aucuns artifices, et est focalisé uniquement sur une chose : l'agressivité. De la chanson d'introduction "Davidian" et son "Let Freedom ring with a shotgun blast !" aux "Fuck it all !" de "Block", Robb fait clairement comprendre qu'il n'est pas là pour rigoler, éructant sa rage dans des vocaux bruts de décoffrage. Quant aux riffs, ils sont d'une lourdeur abyssale, faisant immanquablement se secouer le crâne tout au long des 55 minutes de l'album, le plus spectaculaire restant l'outro de "Davidian" chef d'oeuvre de headbang. De même la batterie est impériale, détruisant les nuques et les tympans, notamment sur le quasi-hardcore "Blood For Blood" ou "Old". L'album est également splendide au niveau de la production, le son étant chaud, épais, donnant l'impression d'être physiquement ressenti dans une véritable lame de fond qui annihile toute volonté de résister sur son passage, dans un tourbillon de fureur et de groove metal.

Car Burn My Eyes opère une scission avec le thrash tant au niveau du rythme, qui ralentit jusqu'à atteindre le tempo d'une ballade sur le magnifique "I'm Your God Now", que des sonorités, ou encore des thématiques abordées. Le Burn My Eyes est un album ancré dans son temps, abordant le siège de Waco qui s'est déroulé un an plus tôt ("Davidian"), les émeutes de Los Angeles sur l'ovni "Real Eyes, Realize, Real Lies", et plus généralement les problèmes sociaux et sociétaux, dans une véritable fresque des problèmes de l'Amérique des années 90. Un album à part, point de non-retour dans l'histoire du metal, une oeuvre spontanée, guidée uniquement par la volonté de bouleverser le genre et de faire de la musique avec les tripes. Malheureusement, c'est également le meilleur album de Machine Head, qui va ensuite sombrer dans la déchéance après The More Things Change, jusqu'à leur retour triomphal sur The Blackening en 2007.
Gweilo
8
Écrit par

Créée

le 24 oct. 2014

Critique lue 569 fois

8 j'aime

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