Anna Webber & Matt Mitchell – Capacious Aeration – (2023)


J’avais déjà évoqué Anna Webber sur ce fil avec le très bon double album « Idiom » paru en deux mille vingt et un. Le premier Cd était d’ailleurs consacré au « Simple Trio » qui était formé de nos duettistes auxquels se joignait le batteur John Hollenbeck. Il existe également un enregistrement de deux mille seize « Binary » qui les réunit. Celui-ci est paru sur Tzadik dans la Spectrum Series.


Ceci pour préciser qu’ils ne sont pas à leur première rencontre et qu’ils se connaissent très bien, s’apprécient, ayant déjà tissé des liens musicaux depuis pas mal d’années, ce qui explique la complicité évidente entre ces deux musiciens qui se devinent jusqu’au stade de l’anticipation, créant ainsi une conviviale collégialité.


Anna Webber joue du saxophone et de la flûte, elle excelle de façon virtuose sur les deux instruments. Matt Mitchell est un jeune pianiste dont le jeu, également brillant, s’harmonise parfaitement aux volutes de la flûte ou aux acrobaties du ténor. Ils avancent bien souvent de front, l’un accompagnant l’autre, le soulevant où lui donnant la réplique.


Le discours se place sur un plan qui peut sembler expérimental, car la combinaison des deux instruments est avant tout virtuose, dévoilant d’extraordinaires facultés techniques et l’expérience d’une pratique instrumentale très poussée. Briller sur Tzadik n’est pas accordé à tous, convenons-en.


Ainsi les pièces sont au nombre de cinq, la plus courte est celle qui ouvre l’album, de façon très vive, créant d’emblée une surprise, « Most Capacious » qui met direct les pendules à l’heure. La plus longue est la dernière, « Re-Aeration » de près de vingt-huit minutes, elle contient de merveilleuses impros qui sont le sel du jazz, Anna y joue de la flûte avec inspiration, l’imagination créative est ici à son sommet.


Sur le petit « obi » accompagnant on peut lire l’expression « un programme éblouissant et réfléchi de compositions et d’improvisations radicales », pour autant cette musique est charnue, vive et accessible, pas de trace d’élitisme forcené, bien qu’elle se tienne bien droite, sans faire appel aux racines du jazz, se cantonnant chaudement dans un registre de musique plutôt européenne évoquant parfois la musique de Steve Lacy.

xeres
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le 6 juil. 2025

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