Gato Barbieri - Chapter One: Latin America (1973)


On se souvient surtout de Gato Barbieri pour sa période « RCA-Flying Dutchman » souvent mise à l’avant, ou encore pour son duo avec Dollar Brand, on peut évoquer aussi son tournant de carrière commercial, vers le naufrage artistique, mais, un peu entre les deux il y a les fameux chapitres sortis chez Impulse, encore bien jazz-latino et tournés davantage vers le grand public.


Le « Chapter One : Latin America » en est un bel exemple, enregistré à Buenos Aires et Rio et sorti en 1973. On souligne la présence de musiciens issus de la « Musique du Monde », c’est-à-dire des locaux qui assurent en diable, en voici quelques-uns, Paul Mercado à la quena (flûte indienne, Amadeo Monges à la harpe indienne, Ricardo Lew à la guitare électrique, Quelo Palacios à la guitare acoustique, Isoca Fumero au charango, Antonio Pantoja qui joue de l’anapa, erke, quena, erkencho, autant d’instruments que je ne connais pas, Domingo Cura du bombo Indio, des tambours indiens…


Voilà qui indique nettement le retour aux sources, aux origines, pour Gato Barbieri. La première face est formidable, elle contient deux très beaux titres « Encuentros » signé Gato barbieri, c’est indiqué sur le label du vinyle, très enlevé, chaud, qui envoie comme on l’aime avec Gato et le second titre « India » de J. Asunción Flores et M. Ortiz Guerrero, également très beau, cette fois-ci sur un rythme plus lent, très lyrique.


Face B tout est signé Gato et ça commence également très fort avec « La China Leoncia Arreo La Correntinada Trajo Entre La Muchachada La Flor De La Juventud » où le lyrisme et la puissance du saxo de Gato font merveille, près de quatorze minutes de musique latino avec des montées en tension absolument savoureuses, la rythmique d’enfer propulse Gato vers le cri qu’il affectionne et qui est sa signature. Les thèmes s’enchaînent tout du long de quatre parties qui façonnent la structure de la pièce, dans la joie et la bonne humeur, accompagnés par les cris et les encouragements des musiciens.


Puis vient « Nunca Mas » avec un effectif réduit, Gato accompagné d’Osvaldo Bellingieri au piano, Dino Saluzzi au bandonéon et Adalberto Cevasco à la basse fender pour un tango qui va bien, chaloupé et sensuel comme il faut. Pour finir « To be Continued », deux minutes trente ou Gato se transforme en narrateur sur fond de musique brésilienne pour nous offrir une petite leçon de musique, un régal…


Un album qui se trouve à faible prix, comme il arrive avec la musique populaire, même en version originale, que demander de plus ?

xeres
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le 13 juil. 2023

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