À l’ouest de Porcupine Tree rien de nouveau. Depuis 2010 et le vrai-faux double album The Incident. Hiatus complet. Steven Wilson s’est depuis lancé dans une aventure en (presque) solitaire avec déjà quatre albums dans la besace. Le bassiste Colin Edwin a depuis rejoint Henry Fool et Jon Durant alors que les claviers de Richard Barbieri se sont amusés avec Steve Hogarth (Not the Weapon But the Hand, The Arc Light). Quant au subtil bateleur Gavin Harrison, son phrasé a déjà fait le bonheur de The Tangent, OSI et de sa formation 05Ric (The Man Who Sold Himself, 2012). Avec Cheating the Polygraph, notre ami franchit une étape majeure en publiant un second album solo, quasiment 20 ans après Sanity and Gravity (1997), sans s’affranchir pour autant de son passé. En tripotant le concept assez casse-gueule de proposer des reprises de titres signés Porcupine Tree, Gavin Harrison risquait surtout de laisser une impression de sur place. D’autant que ce petit jeu a déjà connu moult émules dans des styles le plus souvent regroupés en deux catégories d’arrangements : acoustique ou orchestral. Choisis ton camp ! Malin, Harrison prend les choses dans le bon sens et envoie valdinguer les a priori pour nous inviter en terrain meuble, le jazz – big band ! Oui.


Plus qu’un simple réarrangement effectué avec Laurence Cottle (basse), c’est une véritable relecture, réécriture du catalogue qu’il nous propose. En distordant les originaux de la sorte, sans jamais perdre de leur intérêt ni de leur reconnaissance mélodique, l’album déploie une instrumentation soyeuse et smoothy. Entrelacement de titres (« The Sound of Musak » avec « So Called Friend », « Hatesong » et « Halo »), envolés de saxophones (Nigel Hitchcock), cuivres qui prennent la parole, cordes en équilibre, l’étonnante métamorphose du métal en coolitude n’empêche pas l’inverse : « Heartattack in a Layby », si calme dans sa version originale (In Absentia, 2002) devient ici une source d’intense exploration rythmique.


L’audace de Cheating the Polygraph est ainsi récompensée. Interprété de mains de maître, le disque permet à Gavin Harrsion de laisser libre court à son jeu fin et métronomique. Même si l’album pourra sembler un peu uniforme, il nous donne l’occasion de redécouvrir des chansons taillées dans le marbre. L’objet nous fait penser à l’inamovible Frank Zappa mais aussi à King Crimson, que notre ami vient de rejoindre pour de nouvelles aventures. Gageons qu’il n’a pas fini de nous surprendre !


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le 10 mai 2015

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