Com Lag: 2plus2isfive
7.1
Com Lag: 2plus2isfive

Compilation de Radiohead (2004)

Originellement uniquement distribuée au Japon, cette compilation de faces B sort finalement en Europe, soldant ainsi tout compte de Radiohead avec sa maison de disques historique, à laquelle il ne doit désormais, contractuellement, plus rien. Fin de contrat, fin de contraintes : libéré des calendriers pesants d'une industrie lourde, Radiohead pourrait désormais enregistrer à son rythme biologique ? bouillonnant ? et sortir, au hasard des rencontres et désirs, les disques irrationnels et les collaborations tous azimuts parfois freinés par la logique industrielle. Généralement, les faces B offrent aux groupes à succès les plus cyniques l'occasion de se payer une crédibilité sur le dos de remixeurs triés sur le volet. Ou un moyen un peu pleutre d'expérimenter sans risquer le commerce de l'album officiel. Mais chez Radiohead, si on est fort sur le mental, on n'est pas trop porté sur le calcul. Comme l'affirme le titre : 2 + 2 = 5. Les recherches soniques et digressions mélodiques, le groupe les avaient déjà largement explorées sur Kid A, Amnesiac et Hail To the Thief. Pas de révolution, donc, sur cette dizaine de remixes (Four Tet ou Cristian Vogel de Super_Collider), de lives et, surtout, d'inédits enregistrés à l'époque de ces trois albums fondamentaux de Radiohead. Collectés en un joli objet, ces chansons révèlent surtout la cohérence d'une attitude et la limpidité d'une écriture que seules des oreilles pantouflardes continuent de décrire comme opaque, absconse.
Car malgré les origines éparpillées de ces chansons, leurs productions radicalement éloignées (des breakbeats épileptiques de Remyxomatosis à l'acoustique appaisée de I Will, de l'electronica onirique de I Am Citizen Insane à la pop céleste du merveilleux Skttrbrain, du psychédélisme ankylosé de I Am a Wicked Child aux blips angoissants de Where Bluebirds Fly), Com Lag 2 + 2 = 5 ne se consulte pas comme des archives, comme le simple document ? en soi passionnant ? d'un groupe en recherche, à tâtons, mais bel et bien comme un véritable album, à la construction patiente et harmonieuse. Combien de groupes sacrifieraient toutes leurs faces A, leur âme et même leurs mères pour de telles faces B, de tels espaces de liberté ? (Inrocks)


"Com Lag" est la dernière livraison du quintet d'Oxford pour EMI/Parlophone. Autant le dire tout de suite, cette critique ne sera pas objective. Comment rester neutre après avoir écouté No surprises ou Pyramid song ? Si quelqu'un a une recette, qu'il la garde.

Bref, cette galette ressemble fortement à un solde de tout compte, un joyeux bordel composé de live, de remixes et d'inédits. Ça attaque fort avec 2+2=5 en prise live. Ce morceau déjà pêchu sur album est carrément incendiaire sur scène. 3'30 d'explosion de napalm électrique !
Ensuite, Myxomatosis a perdu sa grosse basse dans le remix pour devenir finalement plus oppressant dans une version limite drum n'bass. Agrementée d'une batterie, I will sonne franchement west coast. Normal, la version proposée a été enregistrée à Los Angeles. Et pour en finir avec les remix, Scatterbrain est toujours aussi faussement légère. Y'a aussi des inédits et des faces B. Paperbag montre un joli sample de cordes. Mais est-ce vraiment un sample ? Avec Johnny Greenwood, on n'est jamais sur de rien. Il vaut mieux se montrer prudent parce que plus loin, Tohm Yorke nous explique qu'il est peut être un enfant polisson (I'm a wicked child). I'am citizen insane, l'instrumental de service, porte très bien son titre. Il n'y a pas une once de sainteté dans ce morceau. Tout le contraire de When bluebirds fly où Tohm Yorke chante sa messe dans une cathédrale électro. Enfin, ce disque contient deux petites perles de simplicité : Gagging order (simplement deux guitares et une voix) puis Fog (again) (simplement un piano et une voix). Cela confirme une chose : ces messieurs de Radiohead sont avant tout de talentueux songwriter, avec ou sans Ondes Martenot. Alors si jamais quelqu'un les croise sur Pluton, pourra-t-il leur dire que sur Terre, on attend avec impatience la suite de leurs aventures. Merci d'avance. (indiepoprock)

bisca
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le 21 févr. 2022

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