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Comment ne pas se rendre à l'évidence, tout est là. En 8 chansons et 22 minutes, les Pixies ont, avec cet EP séminal presque définit le son de plus de 30 ans d'indé rock à venir. Rendant cool et intéressant le dépouillement, le normcore, les weirdos, les punks sans looks, cette introduction à la discographie des quatre de Boston ne doit pas être oubliée parce qu'elle est courte, son importance est presque aussi forte que les deux albums qui suivront.


Certes, le disque ne sort pas de nul part, les Replacements et les Violent Femmes notamment sont déjà passés par là et ont proposé une alternative aux musiques extrêmes et à la pop, pour continuer à créer un son original sans jamais oublier d'écrire des mélodies. L'alt-rock du milieu des années 80 reste encré dans son époque, par les effets qu'il utilise (les reverbs surtout) ou les genres auxquels ils prêtent encore allégeance pour s'en présenter comme une version alternative (le hardcore, la folk...), mais les Pixies, sans doute sans le vouloir, inventent une grammaire et une esthétique qui fera les années 90 et sera l'objet de nombreux revival jusqu'aujourd'hui.


Précision des arrangements, concision des chansons, force percussive des mélodies et des gimmicks, jeux sur les voix, influence folk, hispanisante ou pré-noise, tout ce Steve Albini sublimera dans Surfer Rosa est déjà présent sur cet EP. Un son très direct mais jamais excessivement brouillon, avec une réverbération très naturelle.


Pas une piste faible sur cette compilation des meilleures démos issues de la K7 de démarchage des labels qui ressortira plus tard sous le nom de The Purple Tapes. Le jeu de guitare de Joey Santiago, malgré les imperfections lo-fi gardées ici et là, prend tout de suite aux tripes, sur l'introduction arpégée de Caribou ou sur le féroce Isla de Encanta. On fait connaissance avec l'outcast enragé Black Francis sur Ed is Dead et aussi avec sa version plus émouvante sur le très sous-estimé The Holiday Song. Kim Deal n'a pas encore de lead sur ce disque mais ses chœurs sur Nimrod's Song sont déjà parfaites. Et puis, on ne le dira jamais assez, ce ne serait pas un bon groupe sans un bon batteur, et David Lovering amène à la fois de la rigueur dans le bazar pré-pubère de ces Pixies naissants, et leur laisse les silences et la divagation nécessaires pour s'exprimer.


Pleines d'humour mais aussi de thèmes personnels très durs, étranges mais remplies de tubes, passant de la noise à la pop sans complexe, hululant et meuglant, ces 22 minutes concentrent tout ce que peuvent être les Pixies mais aussi tout ce que faire du rock indé dans la décennie qui suivra rendra possible. Sans complexe.

Mafelele
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le 23 mars 2021

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Antoine Maf

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