Cosmicism
7.6
Cosmicism

Album de The Great Old Ones (2019)

Pour son dixième anniversaire, The Great Old Ones sort son quatrième album. Un rythme assez soutenu pour les standards actuels qui rime souvent avec des productions au rabais et beaucoup de recyclage. Alors que la formation bordelaise ne fait que monter depuis la sortie de son premier album, Al Azif (d'après le nom de l'auteur fictif du Necronomicon), les attentes envers The Great Old Ones n'ont fait que se multiplier. Fer de lance d'une scène nationale où la quantité ne fait pas de compromis avec la qualité, le quintet n'a jusque ici pas déçu avec EOD : A Tale Of Dark Legacy, le dernier album en date vivement encensé par les critiques à juste titre.


On commence à connaître la recette de The Great Old Ones : du Post Black Metal dans l'univers de Lovecraft, chaque album s'inspirant d'un récit de l'auteur. Alors que Tekeli-Li proposait des interludes narrés en Français et que EOD : A Tale Of Dark Legacy laissait la place à des cordes sombres et mélancoliques, Cosmicism s'épure et se rapproche de Al Azif. De plus, ce nouvel opus se penche sur l'oeuvre de Lovecraft dans son ensemble et explore la philosophie du cosmicisme : l'impuissance et la futilité de l'être humain dans le grand schéma de l'univers, et son absence totale d'emprise sur sa propre destinée. Des enjeux différents pour une œuvre différente.


Car même si la patte de The Great Old Ones est toujours reconnaissable notamment grâce aux trois lignes de guitare et au jeu de batterie fantastique de Leo Isnard, le groupe délaisse de plus en plus le Black Metal pour développer l'aspect progressif de leur musique. La première moitié du disque nous donne ce à quoi nous étions habitués : des riffs épiques aux sonorités allant du DSBM au Black Metal scandinave plus classique, une basse discrète mais agile qui rompt avec l'âpreté des guitares et une batterie implacable aux patterns protéiformes.


C'est à partir de A Thousand Young que le vent tourne et que le nouveau visage de The Great Old Ones se révèle. On trouve désormais des leads harmonisés, du tapping et même des soli qui viennent briser ces torrents de tremolos et de double pédale furieuse. Les breaks se font plus nombreux, la voix moins présente. On passe de la terreur à la folie, et ce Cosmicism devient plus exigeant mais aussi plus intéressant. Les guitares se complexifient, s'entremêlent... mais ne s'assagissent pas pour autant. La musique des Grands Anciens s'aère, s'étire et nous place au centre de quelque chose d'immense. Le final de Nyarlathotep ouvre Cosmicism vers l'infini, le cosmos. Un nouveau début plutôt qu'une fin. A noter que la production, excellente, fait baigner les instruments dans une reverb omniprésente qui fait respirer le mix et offre un rendu très onirique.


Les prises de risque restant minimales, The Great Old Ones ne perdra personne avec ce nouvel opus mais ne conquerra sans doute pas ceux qui n'adhéraient pas auparavant. Loin d'être une redite des sorties précédentes, Cosmicism regorge de riffs très inspirés où la troisième guitare est toujours pertinente, et où la batterie fait toute la différence. On reconnaît aisément le style de Jeff Grimal pour l'artwork, cette fois-ci moins abstrait ou épuré qu'à son habitude, mais une fois encore réussi. Cosmicism, s'il ne marque pas une étape dans la carrière du groupe, est un album solide qui pourrait être annonciateur de changements à venir.


Chronique réalisée pour le webzine Metalorgie, disponible à cette adresse : https://www.metalorgie.com/groupe/The-Great-Old-Ones

Holy_Rillettes
8
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le 25 mai 2020

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