Avant de découvrir cet album, j'aimais Indochine principalement par habitude (les classiques ont bercé mon enfance) et mimétisme (mes frangines écoutaient). J'adorais par simple goût musical. Et puis Dancetaria est venu me cueillir à un moment crucial de ma vie : mes premiers émois amoureux, au cœur de l'adolescence.
On dit des textes de Nicola Sirkis qu'ils ne valent pas mieux que de la poésie lycéenne. Mais quoi de mieux qu'un adolescent pour accompagner un autre adolescent au cœur brisé ? Je me suis tout de suite retrouvé dans les chansons de cet album sublime, qui dépeint avec une délicatesse et une justesse rares l'intimité et la vie d'un ado.
On quitte le monde de l'enfance ("Dancetaria") pour découvrir les grandes amours ("Juste toi et moi"), l'engagement politique ("Manifesto") et le sexe, sous différentes formes ("Stef 2" pour la première fois, "Venus" pour le plaisir, "Halleluya" pour la transgression). Entre déclarations enflamées ("Rose Song") et bandes-dessinées ("Astroboy"), on vogue d'un destin tragique ("Justine") au sentiment universel du deuil ("She Night").
Dancetaria fut pour moi un écho magnifique et bouleversant à mes propres expériences et demeure objectivement le meilleur album d'Indochine. On y trouve certains des meilleurs textes et des meilleures mélodies du groupe, réunis au sein d'un univers cohérent et homogène, superbement réalisé.
Indochine, c'est peut-être de la soupe de pédés, mais ils savent de quoi ils parlent et ils le font avec justesse et honnêteté.