Wes, Herb, Django, Joe, Barney...et maintenant Pat !
Quels qualificatifs attribuer à cet homme qui a su sa vie durant faire vivre la musique et plus particulièrement le jazz en jouant des standards "à l'américaine" à travers son instrument de prédilection la guitare. "Guitar hero" impossible de le nier puisque Gibson sortira un modèle à son nom.
A propos c'est quoi un standard ?
Prenez "Sunny" de Bobby Hebb, cette chanson, extrêmement populaire dans le monde avec des centaines, mais non des milliers peut être d'interprétations existantes joué par des artistes aussi différents que Jamiroquai, Boney M, Stevie Wonder... plus tous les apprentis guitaristes, pianistes, harmonicistes... EST un standard.
Bien sur Pat Martino est passé par là lui aussi !
https://www.youtube.com/watch?v=syercy760YQ
Comme tous les grands son jeu est rapidement identifiable par sa pureté, son débit rapide, constant et son staccato ! Ici il partage la vedette avec le non moins fameux John Scofield (mon guitariste préféré tous styles confondus) et le monstre dans tous les sens du terme Joey De Francesco. Tout se déroule à la perfection ! First, un chorus "à tomber" de Pat puis John change la donne, panique nos oreilles avec son phrasé "out" fabuleux et sa science des sons. On se dit alors que c'est fini on a entendu des merveilles...Alors tel un chien dans un jeu de quilles Joey arrive avec la puissance de son Hammond et il écrase tout, chamboule tout se dresse sur un mur rythmique, un mur de notes immense comme pour trouer le temps, pour dire non et faire trembler la mort !
Pat Martino incarnation version guitare du Be Bop à travers ses versions d'Oleo, Stompin'at the Savoy…mais aussi prince d'une certaine douceur musicale.
Sur cet album on sent l'influence de Wes et de Barney (trop méconnu Barney) mais d'une certaine manière on pense aussi à George Benson. C'est doux, chaud, reposant, délicat avec ce chabada constant de Mitch Fines et le soutien suave du Hammond de Trudy Pitts...So cool !
Voilà…un peu triste "El hombre" ne jouera plus "El hombre" ni rien d'autre ! Pour l’histoire du jazz et de la six cordes il laisse quelques albums dont celui ci mais aussi des méthodes éclairantes sur son jeu "mathématiques" composé de phrases caractéristiques détunables à loisir comme une sorte de boîtes à outils inépuisable.
Mot de l'auteur :
La seule chose positive que je puisse trouver ce matin en apprenant sa mort, en chroniquant cet album, en parlant un peu de lui alors que j’ai passé tant d’heures à "bûcher" quelques unes de ses phrases magnifiques de clarté est qu'en même temps j'écoute sa musique. Sûr qu'elle va tourner en boucle un petit moment puis "on se lasse de toutes choses" le flambeau passera à d'autres, musiciens ou pas...peut être à vous qui lisez ces lignes maladroites essayant de rendre hommage à une légende de la guitare jazz ?