Le super groupe Beast Coast nous a enfin gratifié de son premier projet pratiquement 6 ans après sa création. L'attente créé par le collectif était intenable, mais le projet est finalement là.


Beast Coast, c'est trois groupes originaires de New York (Brooklyn plus précisément) qui ont suivi une ascension simultanée dans le rap game. Le crew est composé des groupes Flatbush Zombies, Underachievers et Pro Era. Chaque entité possède sa propre identité, tout en restant dans le mouvement Beast Coast qui symbolise le "new New York". Le mouvement se caractérise par une fusion de rap moderne et boom bap, tout en conservant une créativité et une attention portée aux lyrics.


Une telle association est difficile à appréhender tant ce type de réunion est rare dans le rap game. Les points de comparaison sont donc peu pertinents et il s'agit de se faire un avis sans référence.
Tout d'abord, pourquoi 2019 et pas plus tôt ? D'après une interview, le super-groupe partageait sa volonté de s'implanter correctement dans la scène hip hop américaine et gagner en confiance, ainsi qu'en fan base. D’où la longue attente...


Pour ce qui est de l'album, Escape from New York nous propose une sonorité plus moderne que ce a quoi les différents membres nous avaient habitué jusqu'ici. On sent que Beast Coast expérimente, test de nouveaux styles par exemple avec Snow in the Stadium ou encore Coast Clear, respectivement teinté d'influence reggae et émo-rap.


Foncièrement, c'est un album difficile à juger à la première écoute, tant il désarçonne constamment l'auditeur. A vrai dire à la première écoute, j'étais pas très emballé pour les raisons suivantes:



  • L'utilisation de l'auto-tune n'est pas nécessaire. Dans un groupe aussi talentueux avec pratiquement autant de membres que de titres, je ne comprend pas ce que l'auto-tune peut apporter. Ces mecs ont tellement de talents et sont tellement versatiles qu'ils n'ont pas besoin de ce type d'outils pour transmettre une énergie ou créer une atmosphère. La comparaison entre Coast Clear et One More Round illustre parfaitement comment sonne Beast Coast avec et sans auto-tune. Mention spécial à Kirk Knight pour son utilisation abusive de l'auto-tune.

  • Certains titres sont un peu surchargé. Personnellement j'aurais préféré un projet avec plus de titres mais qui laisse plus de place à la contribution de chacun sur leur morceau. Nyck Caution et Meechy Darko n'ont pas plus de 12 secondes chacun sur It Ain't Easy alors qu'ils sonnent vraiment bien. C'est un peu le problème quand tu veux faire poser 7 mecs, inclure un beat switch et une intro de 25 secondes sur un morceau de 3min40. A l'inverse, Distance propose une association inhabituelle avec Joey Badass (Pro Era), Issa Gold (Underachievers) et Erick the Architect (Flatbush Zombies) qui laisse à chacun de le temps de s'illustrer.


Au fur et à mesure des écoutes, l'album m'a rendu de plus en plus euphorique, jusqu'à l'écouter pratiquement tous les jours. Finalement, les points évoqués plus haut ne sont devenus que des détails qui n'enlèvent en rien à la replay value d' Escape from New York.


Qu'est ce qui rend cet album si addictif ? Déjà les mecs à la prod (à savoir Powers Pleasant de Pro Era et Erick The Architect de Flatbush Zombies) ont fait un travail très propre sur les instru. Ensuite, l'association des voix de Meechy Darko, AK et CJ Fly, avec l'énergie de Nyck Caution et Zombie Juice le tout complété par des belles performances de Joey Badass et Issa Gold construisent l'album de façon très dynamique.


Escape from New York montre cette variété sans limite entre le style de ces titres et le style de ces membres. Chaque individualité sort du lot par sa voix, son flow ou encore son énergie. Le groupe détient une bonne partie des talents du hip hop moderne. A tel point que le mouvement Beast Coast est un style à part et le contenu proposé est suffisant pour écouter que du son issu du mouvement Beast Coast.


Pour conclure, Escape from New York ce n'est pas un album à concept qui cherche à faire une déclaration sur l'état de la politique américaine ou sa société. Plutôt c'est un projet, ambitieux tout de même, qui expérimente, associe les styles et montre la versatilité de ces membres. En ce sens, le projet est une franche réussite, j'ai gagné en intérêt pour plusieurs membres de Beast Coast (principalement Issa Gold, Nyck Caution et CJ Fly, véritable révélation du projet). C'est ce type d'artiste qu'il faut soutenir, ceux qui contribuent à la culture hip hop ! Escape from New York completed...


Best Tracks: It Ain't Easy, Distance, Bones, One More Round
Tracks hors projets: Far Away, Coast Clear

davofoot
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le 10 juin 2019

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Urban Shadow

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