John Coltrane With Eric Dolphy – Evenings At The Village Gate (2023)

On doit la découverte de ces bandes à un obscur archiviste de la « New York Public Library for the Performing Arts » qui faisait des recherches concernant Bob Dylan, et qui tomba sur ce trésor ! On connaissait l’existence de ces bandes, c’est Rich Anderson, ingénieur du son du Village Gate qui avait déposé un microphone à ruban pour faire un test concernant le nouveau système du son mis en place dans le club, et également pour faire l’essai de son micro.

Il se raconte que c’est la première rencontre entre Dolphy et Coltrane, en août soixante et un, au Village Gate de Greenwich Village. C’est en mono, un seul micro c’est peu, l’occasion de goûter d’encore plus près au jeu d’Elvin Jones, et de profiter de ce qui se passa ce soir-là…

L’album est double, car il faut bien ça. John Coltrane joue du soprano et du ténor, comme à l’habitude, Eric Dolphy joue de la flûte, dès le titre d’ouverture « My Favourite Things », de la clarinette basse sur « When Lights Are Low », et du sax alto. Mc Coy Tyner est au piano et c’est Reggie Workman qui est encore à la basse, il sera bientôt remplacé par Jimmy Garrison, on annonce également Art Davis à la basse, quant au batteur vous le connaissez…

Vous l’avez compris, vous ne serez pas éblouis par la qualité technique de la prise du son, ni par sa brillance et sa définition, à ce niveau c’est plutôt une plongée dans l’obscurantisme des temps anciens. Pour autant, il faudrait être difficile pour ne pas reconnaître l’importance historique de cet album, car on y distingue chaque instrument, les solistes sont très audibles et, et c’est là l’essentiel, la passion traverse les difficultés matérielles et on entend clairement comme un jaillissement nouveau qui s’installe, contre vents et marées, car ils étaient déjà bien en avance sur leur temps ces défricheurs…

Le jeu de Dolphy éclate avec fulgurance à la figure de ses contemporains, ses solos sont absolument brillantissimes, seul Coltrane à l’époque partage cette même flamme, certes vous trouverez sans mal d’autres albums de cette même période qui témoignent de cette passion, et probablement avec un meilleur son, mais celui-ci dites-vous bien que c’est le tout premier, et qu’il fait de vous le témoin de cette collaboration nouvelle et décisive, dès son commencement.

Le double LP contient un beau livret joint qui ravira les bilingues. Un album destiné à ceux qui ont déjà bien fait le tour de ces deux musiciens et qui ont écouté "Live" At The Village Vanguard ou mieux « The Complete 1961 Village Vanguard Recordings ».

xeres
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le 24 juil. 2023

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