Fear Inoculum
7.2
Fear Inoculum

Album de Tool (2019)

En un sens, je suis heureux d’avoir connu TOOL tardivement : l’attente aura été moins longue pour moi que pour les autres !
Pour autant, il m’a fallut m’armer de patience (8 ans, ce n’est pas rien) ; et une attente aussi longue ne peut que renforcer l’exigence que l’auditeur nourrit quant à ce nouvel opus que l'on redoutait de voir se transformer en arlésienne.
Mais bien mal avisé est celui ou celle qui décide d’aborder Fear Inoculum par le prisme de ces 13 longues années d’attente ; car le risque de déception n'en devient que plus grand...


Cependant, je défie quiconque de qualifier cet album de décevant.


TOOL nous livre ici son album le plus compliqué et pousse encore plus loin la polyrythmie dont leur musique était déjà empreinte ; impossible de saisir les signatures rythmiques du premier coup ; on va de surprises en surprises, de torgnoles en torgnoles.
Bref !
Une fois n’est pas coutume, TOOL déroute par ses rythmiques alambiquées et la progression imprévisible de ses compositions. Est-il besoin de le préciser, plus d’une seule écoute sera nécessaire avant d’y voir clair (bien qu'une seule soit pourtant nécessaire pour comprendre à quel point l'album est unique)…
De loin leur album le plus technique, les musiciens redoublent de virtuosité : le génie d’Adam Jones transparaît à chaque instant et ce dernier embrasse pleinement le rôle de soliste qui jusque-là demeurait implicite ; Danny Carey nous dévoile ici tout l’étendu de ses pouvoirs magiques, lui aussi soliste sur cet album, peut-être même plus encore qu’Adam Jones lui-même ; Justin Chancelor, quant à lui, est à la fois le lien et le liant entre une guitare et une batterie devenues toutes deux folles, mais transcendant – comme à l’accoutumée – le rôle traditionnel d’une basse ; enfin, Maynard n’a plus rien à prouver, aussi se contente-t-il de… chanter, tout simplement. Plutôt que d’être mise en avant par le biais de quelques prouesses techniques, sa voix se fond dans les tumultes mélodieux que produisent les autres instruments pour un rendu des plus homogènes.


Au final, cet album regroupe tout ce que j'(on)aime de TOOL : des rythmiques torturées et complexe portées par des percussions tribales, lesquelles soutiennent des mélodies tantôt planantes tantôt agressives, mâtinées de quelques sonorités orientales et s'étirant sur des compositions longues à n'en plus finir...
Un album qu'on voudrait d'ailleurs sans fin tant ce dernier nous transporte et nous émerveille durant tout l'écoute.
Aucun doute, c'est bien du TOOL. Mais c'est aussi un groupe proposant un son neuf, qui justifie pleinement la sortie d'un nouvel album.


Pour autant, il ne s'agit "que" d'un énième album...
Non, cet album n'a pas la portée messianique que certains et certaines lui ont attribué au fil des années.
Attention à ne pas tomber dans la mystification et la sacralisation à outrance de ce qui n'est autre qu'un "outil" pour ouvrir votre "troisième œil" ; car vous risqueriez de passer à côte du véritable sujet, à savoir la musique...


PS : je n'aborde pas le sujet des paroles car celles-ci sont encore une énigme, plus encore que les mélodies et les rythmes. Mais il est sûr que Mayanard nous gratifie là de textes au sens profond, avec l'ésotérisme qu'on lui connait. Les thématiques qui semblent abordées, elles, sont dans la veine de TOOL.

Mad_Muse4
10
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le 30 août 2019

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Mad_Muse4

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