La bête immonde finlandaise Desolate Shrine nous propose son 5e disque : de l'or noir.

A notre époque où le death metal, le black metal ou toute forme de metal extrême a déjà bien fondé son empire sonore, il est difficile de trouver des groupes pertinents. Certes, beaucoup d'albums sortent depuis une bonne vingtaine d'années. Mais ces galettes sonnent souvent de la même manière, vides d'âme, ne se focalisant que sur l'esthétique musicale, ce qui est bien limité dans le projet artistique.

Or cet album est justement parmi les exceptions qui viennent confirmer la tendance. Et Desolate Shrine n'est pas le seul dans cette optique, nous pensons à leurs cousins américains de Hath par exemple.

Fires of the Dying World est massif, sombre et caverneux, enrobé d'un son sale, obscur et incandescent. Nul ne niera les influences scandinaves dans le groupe, mais je relèverais bien un petit Morbid Angel dans le son guitare et les rythmiques fondamentales. Ceci n'est pas une mauvaise racine, puisque ce genre d'influence n'apparaît que de plus en plus rarement, alors que l'un des pionniers du genre reste une des fondations immanquables.

Alors de la fureur vous en aurez. Des ambiances lourdes et suffocantes, il y en a aussi. Des passages terrifiants par leur agressivité, vous en trouverez facilement. Du brouillard, la nuit, amenant ici et là cette ambiance black metal propre aux scandinaves, vous vous en délecterez. Tel un navire en pleine tempête, le vaisseau Desolate Shrine est parfois ballotté par ses propres vagues, cette houle faisant monter le navire haut, très haut, pour retomber lentement, très lourdement, au fin fond de la vague. On frôle la poésie sonore, des plus hurlantes et turbulentes, certes. Mais quelle maestria !

La personnalité est au rendez-vous, et c'est indubitablement ce qui fait la force du groupe, tout en enfonçant son clou dans l'underground. Oui, parce que lorsqu'on ne sonne pas comme tout le monde, on ne devient pas des plus populaires. Oui, mais le (blackened) death metal n'est pas fait pour être populaire. C'est de l'art sonore, de la sculpture de fréquences, de l'émotion à en chavirer. Oui, je vous l'accorde, il n'y a pas de révolution dans le style. Mais quelle personnalité, quelle pertinence, quelle fureur et quel désespoir sortent de cet opus !!

L'artwork est sobre, mais beau, même si la tendance sied à l'ambiance de l'album. On n'est pas dans les codes du genre, tout en sentant qu'on ne va pas danser toute la soirée en écoutant l'album.

Le tout est donc de l'art, ténébreux, envoutant et féroce. Mais sans la maîtrise, la puissance n'est rien.

Budokick
9
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le 8 juin 2022

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