Cela faisait quand même six longues années que notre ami Chris Isaak n’avait pas sorti un lot de chansons originales. Depuis Mr Lucky précisément (2009). Après le double album hommage à la Sun Records (Beyond the Sun, 2011), le voici donc de retour avec avec un First Comes the Night façonné à Nashville et produit par Paul Worley (Dixie Chicks, Lady Antebellum, Martina McBride), Dave Cobb (Jason Isbell, Shooter Jennings) et l’inamovible Mark Needham. Pour autant, cette douxième livrée n’est pas véritablement country bien qu’ici et là l’emprunt au genre de quelques instincts d’intensité granuleuse ajoute à l’ensemble (« The Way Things Really Are »).


En réalité, la rampe de lancement de l’album résume assez bien les choses an faisant du morceau titre un single dans la lignée des Traveling Wilburys (excusez du peu) puis de « Please Don’t Call » un acte absolument festif dans sa façon de traiter la rupture sentimentale. Dès lors, peu de surprises : Chris Isaak frappe dans sa zone de confort. Mais l’album ne se contente pas de ronronner. En s’enrichissant de l’univers de Nashville, sa musique gagne en texture, en profondeur. Le chanteur à la fois crooner glamour (« Kiss Me Like a Stranger »), acteur talentueux (chez David Lynch notamment), au look de surfeur désarmant de charme à la cool, sourire ultra-bright en prime, assure aussi bien dans le style sixties (« Down in Flames »), fifties (« Don’t Break My Heart ») que dans le jazz gypsie (« Baby What You Want Me To Do ») ou le rock bien tapé (« Insects »). Une association de talents qui construit le classique instantané « Reverie », écrit avec Michelle Branch et nouveau « Wicked Game » certifié (rien que ça).


Alors, évidemment, on pourra avancer que cet album ne fait aucunement avancer le schmilblick de Chris Isaak tant chaque chanson peut s’associer à son ruban musical. Mais loin d’être une production de plus, First Comes the Night s’ajoute à une discographie décidément haute perchée, qui semble étreindre passionnellement chaque mesure. Spécialiste des histoires d’amour qui finissent mal, véritable quintessence de son œuvre, Chris Isaak démontre 30 ans après ses débuts une capacité intacte à confectionner des mélodies simples, efficaces, puis à les caresser d’une voix toujours incroyablement évocatrice sans jamais jouer les excités. À ce petit jeu, il reste l’incontestable héritier de son héros de toujours, Roy Orbison… et plus, si affinités.


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le 29 déc. 2015

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