Freedom’s Goblin
7.3
Freedom’s Goblin

Album de Ty Segall (2018)

Réalisons-nous vraiment notre chance d’avoir un Ty Segall en 2018 pour nous remémorer que le Rock (‘n’Roll) est avant tout une histoire d’excès ? Et que donc, dans une époque qui est tout sauf Rock’n’Roll, ce sont les excessifs comme Ty – et John Dwyer (Thee Oh Sees) aussi, pendant qu’on y est – qui nous rappellent combien notre monde aussi frileux qu’absurde a besoin de transfusions régulières de bon sang bien chargé en alcool et en excitants divers.


L’ami Ty, c’est simple, il en fait toujours TROP, et il le paye (ou bien il en est récompensé…) en échappant toujours à la célébrité qui le guette depuis un moment, vu son incommensurable talent. TROP de disques sortis chaque année, TROP de genres musicaux rentrés au forceps dans chaque disque, TROP de riffs de guitare saignants, et cette fois bien TROP de chansons qui partent dans tous les sens, qui explorent tous les genres pour un seul album. Mais tout cela est totalement réjouissant, bien entendu !


Entre QOTSA (Ty tente le coup du disque commercial comme Josh Homme l’a fait il y a quelques mois) et Bowie (c’est dire si certaines chansons visent haut), entre Neil Young (solos de guitare furieux sur un morceau qui dure plus longtemps qu’il ne le devrait) et Nirvana (mais un Nirvana délicieusement joyeux, attention !), il y a de la place, et Ty Segall a décidé de l’occuper à lui tout seul. Et même de nous offrir un peu de disco, qui fera, j’espère, grincer les dents des puristes qui considéreront ça comme une indigne compromission.


Dans une orgie électrique d’idées éclectiques, voire farfelues, "Freedom’s Goblin" (dis, Ty, tu nous expliqueras ton concept de gobelin de liberté, ça a l’air bien puissant) est donc un album plus grand que nature, qui vous excitera autant qu’il vous donnera mal à la tête si vous ne le consommez pas « avec modération », comme ils disent. Mais vous pourrez danser la nuit entière dessus, vous pourrez verser des larmes de crocodile sur ses ballades trop dégoulinantes, vous pourrez vous fracasser la tête aussi contre les murs molletonnés de votre cellule à l’asile psychiatrique, ou bien à la rigueur en chanter pas mal de titres sous la douche, le matin avant de vous lancer à l’assaut de l’horreur du monde. C’est dire si ce disque risque de vous devenir essentiel. Allez, premier chef d’œuvre de l’année 2018 !


[Critique écrite en 2018]


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le 27 janv. 2018

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Eric BBYoda

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