Merci pour la leçon, Sorcier.

2016, FUTURE est devant Meaghan Garvey, journaliste. L'interview bascule sur le sujet de ses alter égo, en demandant "Est ce vrai qu'on vous a déjà appeler The Wizard? Qui est il? Pourquoi?
"Le sorcier, c'est moi", répond Future avant d'expliquer comment OG Double D, son oncle décédé, avait choisi ce nom simplement parce qu '"il a toujours dit que j'avais les réponses pour tout".
En hommage à son oncle donc, le surnom mystérieux devient le dernier titre d'album transformé en énième alter ego donc :
Future Hndrxx Presents: The WIZRD .

Future est l’un des artistes les plus influents de la décennie, avec sa Trap teintée de blues (ou l'inverse) qui nous montre qu'il pourrait retourner un strip club tout en traversant une crise existentielle.
Son son distinctif a directement influencé tout le monde, de Gunna, Young Thug et Lil Baby à des rappeurs plus mélodiques tels que Lil Peep et XXXTentacion, avec des hymnes tels que «Codeine Crazy», «Perkys Calling» et «Mask Off» parmi les plus modernes. Les plus grands moments rap/trap de ses dernières années.
Cependant, il y a aussi un sentiment que les émotions présentes dans la musique de Future n'ont pas encore été complètement traduites, certains prenant ses paroles de drogue-référence à leur juste valeur, les considérant comme un conte glamour plutôt que comme une déconstruction d'un style de vie opulent. La réalité est que la musique de Future fait les deux, il s'agit d'être à la fois au sommet du monde et en enfer. En tant qu'auteur-compositeur, il comprend que les drogues peuvent faire ressortir le meilleur et le pire des êtres humains, et que le fait de faire référence aux deux, parfois même dans la même chanson, est une perspective valable.

                                      **Entre mélancolie et trap brute**

Mais que vaut cet album, que vaut THE WIZRD?
Déjà, après la 1ère écoute, une qualité rare s'en dégage et on ne lui donne pas toujours l'importance qu'elle devrait avoir. C'est sa fluidité.
En effet, les tracks de cet album s’enchaînent de manière parfaitement fluide, sans un seul déchet ni aucun temps mort. Future délivre comme jamais, usant de flows maîtrisés et d’une certaine interprétation très réussie, en particulier sur les sons mélancoliques, arrivant à nous transmettre grandement cette émotion.

Il nous inscrit dans un univers marqué et homogène, également aidé par les producteurs, qui livrent des intrus exceptionnelles et en totale cohérence avec la construction de l’album, qui oscille entre mélancolie et trap brute, articulées autour d’un squelette composant l’ADN de cet album, à savoir le son qui sonne vraiment « The WIZRD ».
Prenez l'ouverture «Never Stop», une introspective onirique, dans lequel il avoue avoir «essayé de secouer le diable sous promethazine» - une ligne audacieuse qui évoque un artiste qui grandit peut-être et dépasse ses penchants. En dépit de cet aveu, «Overdose» est un récit complètement différent. Future se vante de vouloir faire basculer le monde entier dans du Xans et d’être «trop riche pour être sobre». Cette juxtaposition pourrait être choquante ou même déroutante pour certains, mais c'est ce qui le rend si convaincant; plus nous entendons de contradictions, plus Future semble racontable et humain.

Nous mettons souvent trop de pression sur les artistes pour qu'ils évoluent ou changent de son, sans prendre le temps de profiter de ce qui nous a fait tomber amoureux d'eux. Des artistes tels que Future sont critiqués pour ne pas sortir de leur zone de confort et pourtant châtiés quand ils essaient quelque chose de différent, mais nous devrions nous féliciter sur le fait que FUTURE a un son propre à lui, une signature et reste une des voix les plus cohérentes dans une industrie pleine de caméléons.

Même si Future ne réécrit pas complètement la formule sur The WIZRD , il y a encore de nombreux signes de croissance artistique. Il est évident, par exemple, qu’il accorde une attention particulière à la nature sporadique des artistes tels que Travis Scott, avec «Baptiize» et «F & N» contenant chacun des transitions de beats aussi audacieuses que ce qu’il ya sur Astroworld . Sur le premier, Future échantillonne son propre morceau «Slave Master» (tiré du classique DS2 ), utilisant ses chaînes obsédantes pour augmenter l'intensité de son flux. Vous savez qu'un artiste est confiant quand il échantillonne ses propres chansons?

L'univers de THE WIZRD est aussi très singulier. En effet, on semble suivre Future à travers une épopée galactique mouvementée qui évolue au fur et à mesure de l’album, et qui donne donc l’essence de l'album.

                                 **## Son album le plus captivant depuis DS2 ##**

Et là où le titre de « Wizard » retranscris bien cet album, est le fait que notre magicien Future nous a ici concocté une potion magique rendant totalement accro à sa musique, sans jamais nous en sortir, et nous tiens parfaitement à sa baguette, en véritable chef de cet orchestre magique dans un décor galactique, nous poussant à replay l’album sans cesse afin de nous ruer sur les différentes formules magiques qu’il y a inscris et qui pourraient faire encore plus frétiller nos oreilles, le "replay value" étant ici d’ailleurs colossal, où l’envie de réécouter sans cesse l’album ne disparaît jamais et se lie à la richesse musicale qui permet d’étoffer les écoutes en apportant de nouvelles choses à chaque fois.

Future a travaillé intelligemment sur cet album, avec de nouveaux producteurs tels qu'ATL Jacob, mais aussi avec des grands noms de la production trap US comme Southside, Tey Keith ou Wheezy, prêtant au rappeur d'Atlanta des rythmes plus lourds qui inspirent des moments plus fréquents d**'introspection**. La basse de chansons comme «Krazy But True» est lourde, la musique vous alourdit beaucoup, à l'instar de sa conscience de culpabilité bien connue. Future souligne que «l'extase est la seule raison pour laquelle son cœur bat la chamade» - le genre de mélancolie qui vous hantera bien après la fin de la chanson. Des phrases telles que «J'ai perdu le sentiment de boire de l'alcool à cause du sirop» dans «Stick to the Models» sont tout aussi courageuses - elles tentent de pousser dans une direction différente de celle à laquelle nous nous sommes habitués (chose qu'il a admise dans une récente interview de Genius , où il s'est engagé à cesser de boire la lean).
Bien sûr, certains critiqueront le fait que Future n’a pas radicalement réinventé la formule, mais quand la musique sonne-t-elle aussi bien, à quoi ça sert? THE WIZRD en a assez pour montrer à son créateur qu'il peaufine sa formule et qu'il grandit en tant que compositeur-interprète.
C'est probablement son album le plus captivant depuis DS2 . Il n'y a pas de chansons faibles et l'album a une continuité saisissante qui vous gardera carrément engagé tout au long de ses 20 titres; un exploit impressionnant compte tenu du fait qu'il n'y a que trois invités Young Thug, Travis Scott et Gunna, pour deux chansons!. Il y a de quoi se régaler, de grands moments de bravoure. Il y en a pour tout le monde, avec des bangers lourds avec "Faceshot" qui vous rappellera le brillant "I Serve the Base". Des hymnes accrocheurs pour "Jumpin on a Jet". Une chanson très "adulte" évoquant le chagrin dans “Tricks On Me”.

Future n'a pas menti à Meaghan Garvey, le WIZRD, c'est lui, et il utilise Future Hndrxx Presents: The WIZRD pour présenter une compilation de ses identités. Semblable à ce que Drake a fait avec More Life , Future explore différents sons, mais uniquement s’ils existent dans la palette de styles déjà maîtrisés par l’artiste.

                                           **## Le pouvoir de la familiarité ##**

Le WIZRD complète le trio lancé par ses 2 albums précédents, FUTURE et HNDRXX . Le troisième ajout suit la mince ligne qui séparait les deux versions précédentes. La combinaison de leurs esthétiques crée un monde cohérent de chansons traps et de rêveries mélodieuses.

Future comprend le pouvoir de la familiarité, mais le besoin de toujours présenter ce qui est nouveau. Avec son septième album studio solo, Future démontre une compréhension accrue du domaine que son talent artistique occupe et de la manière dont il est capable d'insérer de nouvelles méthodes sans perdre sa maîtrise du blues mélodique.

Cela ressemble à la façon dont tous les dimanches, peu importe les circonstances, les prédicateurs arrivent avec un nouveau sermon. La Bible ne change jamais, mais cela n'empêche pas les congrégations d'arriver chaque semaine pour apprendre une nouvelle leçon.
Merci pour la leçon Sorcier.

8
/10

Future - Never Stop
Future - Rocket Ship
Future - Jumping on a Jet
Future - Crushed Up