Gentle Giant
7.1
Gentle Giant

Album de Gentle Giant (1970)

Du King Crimson réchauffé, refroidi, puis mis sous une couche d'aluminium au frigo. Ressorti, il se mange – pardon s’écoute facilement malgré les nombreux défauts.

Gentle Giant fait partie de ces groupes qui n'existent que dans le sillage du géant roi cramoisi du prog – rock, jusque dans la pochette du disque, pompée jusqu’aux yeux globuleux de ce Hobbit en gros plan présentant avec ostentation sa calvitie et sa barbe rousse, accompagnées de cet air narquois légèrement inquiétant.

Après une introduction en claviers d’église, arrive le riff de « Giant », complexe, intellectuel, jazzy, du prog quoi ! – il est entêtant, et tourne en boucle, ce qui finit par lasser. L’influence et le pompage sur King Crimson sont trop évidents pour prétendre atteindre ce qu'il est convenu de nommer chez des créateurs de musique dignes de ce nom, une véritable originalité. Les chœurs emplis d’emphase, accompagnés de cuivres larmoyants sonnent le glas du morceau, qui retrouve son riff bizarre, trop élaboré, trop appliqué dans sa construction pour prétendre avoir cette puissance spontanée résolument rock.

Plus intéressant est « Funny Ways », drôle de symphonie folk foutraque et loufoque, à la mélodie accrocheuse, avec cordes, piano, chœurs. Sur le solo, la guitare est un poil trop dégoulinante, pardon.

« Isn’t it quiet and cold? » est un morceau folk intéressant dans sa conception ; il débute comme une pièce classique, un quatuor à cordes. Schubert n’est pas loin. Puis le morceau poursuit sa route dans un format pop bienvenu, ou une autre influence (enfin) se fait sentir, celle des Beatles, plus grand groupe de tous les temps qui à l’époque n’était qu’un groupe parmi tant d’autres.

"Nothing at all" fait d'emblée penser, par le lyrisme et la beauté de ses harmonies vocales, à Crosby Stills & Nash. Mais la suite est trop longue (9 minutes!), et l'emphase de rigueur. Du prog quoi!

« Alucard » est du King Crimson pur jus, du 21st Century Schizoid Man (mal) détricoté et reconstruit à une autre sauce. Au milieu du morceau, un autre riff de transition, truculent et savoureux confirme toutefois l’inspiration du groupe, malgré cette influence (toujours) sous-jacente, en filigrane de sa musique.

Dommage.

Le problème de Gentle Giant vient sans aucun doute de ses références, trop évidentes, trop imposantes et majestueuses pour pouvoir réellement les égaler.

Produit par Tony Visconti, le groupe propose là son meilleur album, ou à tout le moins son plus connu. C’est un classique, un disque sympathique et gentil qui mérite tout de même d’être entendu.

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le 23 sept. 2013

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Errol 'Gardner

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