One day you'll respect the good kid, mAAd city

Première fois que j'écris sur un album. Beaucoup d'albums me tenaient à cœur et me donnaient envie d'écrire, mais je n'avais jamais vraiment eu le courage de me lancer. Puis dernièrement le scepticisme d'une éclaireuse, (une certaine Anaïs L pour ne pas la citer) face à cet album que j'adore, m'a pousser à me lancer. Et la première chose me venant à l'esprit quand je pense à good kid, mAAd city est que l'album nous donne à écouter un récit initiatique à la fois passionnant et haletant. Le récit prenant place à Compton, et Kendrick Lamar étant l'acteur principal. Kendrick Lamar, pour ceux qui ne le connaîtraient pas, (on ne sait jamais, ma critique s'adresse à tous, même à ceux qui n'ont jamais écouté un seul de ses morceaux, enfin si vous êtes dans ce cas, il va falloir remédier à cela, d'urgence) c'est un rappeur qui avait déjà fait ses preuves avec son premier EP, et surtout avec son excellent album Section 80, même si c'est bien avec good kid, mAAd city qu'il deviendra à mes yeux en tout cas, un des rappeurs incontournables actuel (Non je ne digresserais pas en disant à quel point To Pimp A Butterfly aussi est absolument génial, et que c'est l'album de 2015 minimum, déjà que je digressais en racontant ma vie au début, après le peu de lecteur en perdition s'étant retrouvé sur ma critique vont finir par se demander si c'est réellement une critique de good kid mAAd city).


"When the lights shut off
And it's my turn to settle down
My main concern
Promise that you will sing about me"


Le récit s'ouvre sur le morceau à l'instru inquiétante, planante, et quasi-hypnotique qu'est Sherane.
La fougue de la jeunesse, malgré la réalité de la vie rodant pas loin derrière, et ce besoin de trouver le droit chemin, malgré ce goût intarissable pour le vice. Le décor est planté, le récit peut commencer et les pistes de l'album s’enchaîner.
Musicalement l'album est varié, et c'est un plaisir car l'album est composé d'instru très réussie et très prenante. De l'instru haletante de mAAd city, à l'explosion finale amené par Compton, (Toujours un plaisir réentendre Dre) en passant par les morceaux jazzy et mélancolique que sont Good Kid et Sing About Me I'm Dying of Thirst, ou encore Bitch don't kill my vibes et Real aux côtés presque auroraux, donnant juste envie de fermer les yeux et de se laisser porter par ces si douces instrus.


"I can feel your energy from two planets away
I got my drink, I got my music
I would share it but today I'm yelling
Bitch don't kill my vibe"


Si certains morceaux comme Poetic Justice peuvent, isolés, paraître dérisoires ou anecdotiques comparé à certains autres morceaux, il est intéressant de voir à quel point ils prennent toute leur cohérence au sein de cet album, pour finalement devenir comme les autres morceaux : Des pièces indispensables au sein de cette poignante histoire qu'est cette nuit déterminante dans la jeunesse de Lamar raconté dans cet album.


"Mass hallucination, baby
Ill education, baby
Want to reconnect with your elations
This is your station, baby"


Au niveau des textes Kendrick ne verse pas dans le sensationnalisme. Il frappe juste, en déployant cet art du storytelling qu'on lui connaît depuis Section 80 (Impossible de ne pas mentionner le magnifique Keisha's Song, véritable hommage au morceau Brenda's Got A Baby de 2Pac, en plus de parler du quotidien difficile d'une prostituée et de son destin tragique). On peut le voir par exemple dans "The art of peer pressure". Après une intro se chargeant de nous entraîner dans son histoire, il nous parle de la mauvaise influence qu'ont pu avoir ses amis sur lui, plein ironie dans ses formules ("rush a nigga quick and then we laugh about it/That’s ironic ‘cause I’ve never been violent, until I’m with the homies"). Ou encore durant ce qui est à n'en pas douter le meilleur morceau de l'album, impossible que je ne parle pas de lui, à savoir Sing About Me, I'm Dying of Thirst. Composé de 4 couplets, il démontre la volonté de Kendrick de ne pas vouloir faire dans le sensationnalisme. Parlant de personnes qu'il connaissait et à la vie très difficile, une qui voulait que l'on parle de lui, l'autre non. Dans les deux premier couplet Kendrick se met à la place de ces personnes, pour leur répondre dans le troisième couplet. Le dernier couplet est un peu différent, il enchaîne sur l'épuisement que provoquait la vie quotidienne dans son quartier. Le tout est raconté de manière si poétique et touchante qu'il est absolument impossible que ce morceau ne retourne pas les tripes d'à peu près tout le monde. Je ne peux pas non plus ne pas mentionner le morceau good kid, poignante introspection d'un Kendrick coincé entre la violence des gang et de la police, et la drogue ("Look inside these walls/And you see I'm havin' withdrawals of a prisoner on his way"). Ou encore mAAd city, morceau haletant sur la violence dans les rues de Compton, avec en featuring un MC Eiht impressionnant. Je ne vais pas m'attarder davantage en sortant d'autres exemples, sinon je vais finir par vous citer tout l'album, et vous n'aurez plus de surprise ce qui serait bien dommage, sachez seulement que Kendrick a des choses à dire et qu'il les dit extrêmement bien.


"If Pirus and Crips all got along
They'd probably gun me down by the end of this song
Seem like the whole city go against me
Every time I'm in the street I hear
YAWK! YAWK! YAWK!"


Pour finir je dirais simplement, peu importe que cette critique vous ait ou non plu ou convaincu. Comme dirait Kendrick, "Don't mind, cause now you ever in debt to good kid, m.A.A.d. City", et le meilleur moyen d’honorer cette dette, c'est de faire quelque chose de très simple, absolument pas contraignant, qui en plus fera un bien fou à vos oreilles : Ecouter l'album good kid, mAAd city.

Noe_G
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le 9 janv. 2016

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Noe_G

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