Revocation - Great Is Our Sin

Great Is Our Sin est le 6eme méfait du groupe (en excluant Sanity's Aberration publié sous le nom de Cryptic Warning). La bande à Dave Davidson (étant désormais le seul membre du line-up originel) a pas mal évoluée depuis son début. Je regrettais l’absence sur les deux précédents opus (Revocation et Deathless) des touches «jazzy» et «rock’n’roll » notamment présentes sur Existence Is Futile et Chaos Of Form. Le groupe avait opté pour une formule plus « rentre-dedans » et directe. Pour moi il manquait donc un petit plus, qui rendait les anciens opus plus savoureux.

Great Is Our Sin est le premier concept-album réalisé par le groupe. Il évoque la folie humaine à travers l’histoire, le refus de tirer des leçons du passé, la répétition des erreurs déjà commises et donc l’auto-destruction de l’humanité. Ces thèmes transpirent dans les paroles des chansons, s’inscrivant ainsi dans la tradition du thrash, de porter un regard critique sur la société, avec une vision assez sombre de l’être humain. Le titre de l’album vient d’une citation de Darwin: «If the misery of the poor be caused not by the laws of nature, but by our institutions, great is our sin».
Deux ans après le précèdent opus, c’est donc avec une certaine impatience que je lance Great Is Our Sin. Pas de panique, nous sommes en terrain connu pour les amateurs du groupe, le son est identifiable dès les premières secondes. Le morceau d’ouverture, Arbiters Of The Apocalypse donne le ton de l’album. Le groupe nous sert son thrash/death aux relents progressifs.
La voix de Dave Davidson est plus variée sur cet album. Si les parties de guitares n’ont jamais été délaissées chez Revocation, certains pouvaient pointer un chant parfois trop linéaire. De manière générale je trouve que les performances vocales, sont sur Great Is Our Sin très bonnes, peut-être les meilleures de la discographie du groupe. Il ne faut pas oublier, que le frontman s’occupe de la guitare et du chant en live. Vu la complexité de certains plans, réussir à chanter en plus (même de manière un peu monotone) est une sacrée performance.
La batterie n’est pas en reste non plus, le départ de Phil Dubois-Coynes faisant partie du line-up originel, pouvait laisser présager un changement de style. Hors, Ash Pearson, son remplaçant (ex- 3 Inches OF Blood), réussi l’exploit de garder l’esprit de son prédécesseur tout en y injectant de sa personnalité. Une bonne dose de blast et autre skank beat nous est donc assenée, sans pour autant laisser pour compte les plans plus subtils axés sur le jeu de cymbales ou le groove.

Comme sur chaque album du groupe, un titre instrumental se situe généralement au milieu de l’album. C’est un exercice que Revocation réussi encore une fois avec « Exaltation ». A noter la participation de Marty Friedman sur celui-ci, nous gratifiant du premier solo du morceau. Les instrumentaux sont un bon moyen pour cerner chez Revocation, leur capacité à faire évoluer un morceau. Malgré l’enchainement de riffs, la recette reste homogène et la progression parait naturelle à l’écoute.
Revocation nous balance donc son thrash/death singulier teinté de progressif avec brio. C’est un groupe qui s’est forgé une identité qui lui est propre tout en ayant su faire évoluer et bouger sa ligne de conduite. J’ai trouvé cet album particulièrement réussi, car c’est en quelque sorte une synthèse de ce qu’ils ont produit jusque-là. Ils ont gardé le coté direct et rentre dedans tout en redéveloppant le côté « jazzy », « rock’n’roll » et «groovy » du début qui pouvait manquer sur les dernières productions.