The Rise And Fall Of David Bowie

Heathen est une formidable surprise, de celles qui font mentir les détracteurs à répétition de Bowie puisqu’avec cet album, il renoue avec la musique qui a fondé sa légende, celle d’un génial « melting-pop » musical alliant la créativité, la précision et une classe hors d’âge. Si Heathen a autant de succès auprès des fans et des autres, c’est probablement parce-que Bowie a enfin réussi à conjuguer exigence et popularité et fait en cela l’unanimité critique et populaire.

L’ouverture de l’album par le morceau Sunday frappe immédiatement l’oreille de ceux qui ont aimé le Moulin-Rouge de Baz Luhrmann et la chanson que Bowie y chanta, le somptueux Nature Boy. On retrouve ici la même mélancolie, la même voix lancinante d’un crooner ayant atteint une maturité insoupçonnée. Cela frappe d’ailleurs tout au long de l’album, cette voix qu’on sent être celle d’un homme que l’âge gagne peu à peu, mais tellement belle, juste et précise. L’effet « crooner » d’un Bowie doté d’une voix en or se fait plus fort sur Slip Away, superbe morceau emprunt de désespérance sur lequel Bowie semble chanter sur du velours. Si l’on fait l’inventaire des pépites musicales qu’il contient, cet album est une mine d’or qui redonne vie à un chanteur que beaucoup disaient moribond.

Cet album sonne presque comme un retour aux sources et plusieurs morceaux semblent faire écho aux débuts de la carrière de Bowie. Slip Away semble par exemple répondre à l ‘excellent Lady Stardust ou encore 5:15 The Angels Have Gone qui semble l’héritier de Starman. On laisse de côté les arrangements électro qui n’avaient convaincu que peu de monde et on sonne le retour des guitares, violons, pianos et autres batteries. Bowie fait ici ce qu’il sait le mieux, une pop inspirée et inspirante qui vient chatouiller l’intelligence mélodique du mélomane et qui réveille également son amour de la belle musique. Cet album est celui d’un Phœnix musical qui retrouve toute la beauté de son art en l’espace de quelques chansons mémorables au même titre que certaines autres aujourd’hui mythiques.

Les albums électro de David Bowie avaient le côté touche-à-tout qui lui va si bien et qui se fait si rare aujourd’hui dans le monde musical. Il faut pourtant bien admettre que c’est dans ses classiques qu’il est le plus impressionnant, qu’il arrive à dominer de plusieurs têtes toute la production musicale actuelle. La meilleure conclusion à ces quelques lignes sera un petit lien, quelques caractères les uns à la suite des autres qui vous mèneront vers Everyone Says « Hi », la perle suprême de l’album et peut-être une des toutes meilleures chansons du dandy, cette chanson illustre à merveille un album merveilleux :

http://www.youtube.com/watch?v=5eFRneZkLqs