Laurent Bardainne & Tigre D'eau Douce – Hymne Au Soleil (2022)


Suite à quelques recommandations, particulièrement un « choc » de Jazz Mag et une chronique enthousiaste de Fred Goaty, je me suis procuré le Cd et il est arrivé. Il y avait également les quatre « f » alignés de l’événement Télérama et la distinction de la sélection Fip. Le texte d’accompagnement officiel, sans doute offert par la maison de disques, n’y allait pas par quatre chemins, je résume rapidement :


« Après un premier album acclamé par la critique […] (ils) reviennent avec un album encore plus puissant. […] Le saxophone mat de Bardainne laissant les grands noms du jazz spirituel faire écho dans ses clés […] de Pharoah Sanders à Kruhangbin et Sault […] Vers une soul rétro futuriste… »


« Bla, Bla, Bla », il y a quelques jours je me suis isolé dans ma chambre pour faire des trucs avec le Cd et ça s’est pas trop bien passé. J’aime bien écouter un album dans le noir, concentré, confortablement allongé, ce qui, en outre, me met à l’abri de la pollution télévisuelle qui sévit dans mon foyer. J’ai cru vraiment avoir affaire à une mauvaise blague.


En principe je ne parle pas des albums que je n’ai pas aimé, histoire de ne pas en dégoûter les autres déjà, et surtout pour ne pas heurter ceux qui sont d’un avis contraire. On est trop souvent ce que l’on aime. Mais là j’y vais quand même, because le lancement commercial, même si j’en n’ai rien à faire si Bardainne se fait des « coquilles » en or avec sa soupe.


Bon je redeviens méchant, pas bien. Déjà y’a deux trucs qui m’ont plu et même peut-être un peu plus, car la soupe peut être épicée et de bonne qualité, et même assez géniale et pour tout dire carrément « bandante » avec l’immense Bertrand Belin qui vient pousser la chansonnette sur « oiseau », la dernière piste de l’album.


Mais c’est pas tout, il y a aussi « Jou An Nou Rivé » chanté par Célia Wa qui m’a définitivement convaincu que Bardainne et son Tigre D'eau Douce sont un excellent groupe accompagnateur, bien meilleur qu’un simple groupe de bal, déjà il y a Arnaud Roulin qui assure bien à l’orgue Hammond, avec Sylvain Daniel à la basse, l’excellent Philippe Gleizes à la batterie et Roger Raspail aux percus qui fait aussi le boulot. Le travail sur le son est également excellent.


Pour moi le problème vient de Bardainne, c’est sûrement un grand saxophoniste, son « son » chaud et sucré, et même très, très sucré, moi qui bois mon café expresso italien bien serré sans sucre, mais en le touillant avec la cuillère malgré tout… Donc, je lui trouve une tendance à répéter les mêmes phases, systématiquement deux, trois, quatre ou même cinq fois de suite avec de simples variations finales, c’est assez ennuyeux je trouve, bien que ça puisse faire style, je suppose.


Bref, ce manque d’imagination plaira aux chalands, pourquoi pas, mais ne ramenons ni Gato Barbieri, ni Pharoah Sanders dans ce menu, alors. Eux au moins prenaient quelques risques, mais la vérité m’oblige à révéler qu’il en prend un sérieux, le Bardainne, sur « Verte Gronouille » où il intègre les babils du petit dernier dans la chanson, le risque est majeur et le péril aussi, la suite lui prouva que oui.


Bon, je lui ai donné une autre chance, une autre écoute, c’est le minimum, après tout l’écoute concentrée n’est pas toujours bonne conseillère. Et puis il y a Goaty qui s’y connait tout de même mieux que moi et qui parle de « travail de haute tenue », « mettant en valeur des mélodies comme on les aime », « Joliment hanté par les esprits de Gato barbieri et de Steve Grossman », « le ténor de Bardainne trace délicatement sa route sans jamais oublier de chanter ».


Voilà, la dernière parole est à la défense, comme il se doit.

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le 10 déc. 2022

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