Ilion
7.4
Ilion

Album de Slift (2024)

Au-delà d'UMMON, le voyage continue...

Grandiose, grave, sombre et majestueux. Ce sont là quelques uns des qualificatifs qui me viennent au fur et à mesure des écoutes d'ILION. Après UMMON, un album impressionnant qui avait d'ailleurs fortement impressionné, l'attente était forte. Et dans mon cas, celle-ci est totalement comblée. Le type de derrière le comptoir de chez Vicious Circle, disquaire toulousain et ancien label sur lequel était signé SLIFT, me confiait alors que je venais chercher ma galette.

Près de 10,000 copies [pour UMMON], je parle des vynils. Pour de l'indé, c'est rare. C'est nos plus grosses ventes, notre plus grosse réussite sur le label !

Mais là où je trouvais UMMON peut-être un peu long, avec des titres bons mais dispensables, notamment sur ses dernières faces, ILION, malgré ses 1h19, offre un panorama plus resserré, maitrisé et cohérent. Nimh, le second titre, incarne d'ailleurs ce glissement avec le précédent album, avec une entrée en matière rageuse, lignes de chants affirmées et basse virevoltante, et une fin tout en contraste, lourde et lugubre, aux accents totalement doom metal. Il n'est d'ailleurs pas inintéressant de s'attarder sur la manière dont l'album a été composé. Jean Fossat, chanteur et guitariste du groupe expliquait dans une interview parue il y a quelques jours pour Soundbather la genèse du nouveau né :

C’est le Roadburn qui nous a contacté, ils avaient envie de faire quelque chose avec nous. Comme tu le sais, les artistes qui jouent là-bas proposent souvent des exclusivités ou des sets plus spéciaux, car c’est ancré dans l’histoire du festival. Lorsque la proposition est tombée, on était en train de bosser sur ILION qui n’avait pas encore la forme qu’il a maintenant. Mais on s’était dit que c’était un bon challenge de présenter l’album sous cette forme au Roadburn ! Cet exercice d’exclusivité collait vraiment bien avec l'atmosphère du lieu

On comprend aisément qu'ILION a été taillé comme une véritable pièce d'un même tenant, destinée à la scène, d'où cette cohérence qui imprègne le(s) disque(s). Il ne s'agit pas d'un amas de morceaux placés opportunément ici ou là, mais bien d'un tout où les frontières entre titres s'effacent pour mieux s'harmoniser, tout en proposant une odyssée absolument fascinante (la critique parue sur Desert Rock sonne tout à fait exacte là dessus : https://desert-rock.com/dr/chrocd/slift-ilion.html). Il est probable qu'ILION soit, par conséquent, plus difficile d'accès que ses aînés, dans la mesure où il entre plus fortement en contradiction avec les modes actuels de consommation que favorisent les plateformes Spotify et Deezer, tournés vers le single.

UMMON portait déjà une marque de fabrique, des sonorités et des morceaux qui faisaient de SLIFT un groupe déjà à part entière, les expérimentations sonores guitaristiques n'étant d'ailleurs pas étrangères à cette singularité. ILION va encore plus loin sur ces éléments "SLIFTESQUES", mais de façon bien plus aboutie. Ils ont poussé ce que l'on entendait déjà par intermittence sur des titres comme Citadel On A Satellite ou Altitude Lake à fond. L'alternance entre murs de sons massifs et passages plus aériens est toujours présente sur la plupart des titres : mais un soin tout particulier a été apporté à l'ensemble. Les voix sont dédoublées, des cœurs résonnent, et se mêlent à eux des nappes de synthétiseur qui magnifient l'ensemble. Weaver's Weft illustre, y compris dans son clip, ô combien ambitieux, ce travail admirable de polissage, où le brut côtoie le féérique.

La quintessence est atteinte sur The Story That Have Never Been Told, qui reprend d'ailleurs intelligemment la mélodie d'Ilion, le titre introductif, en revêtant au passage un manteau à l'allure plus mystique, d'où, aussi, cet aspect psychédélique plus prononcé qu'auparavant. Les recettes de La Planète Inexplorée tendent en revanche à s'éloigner, et ILION se trouve dépourvu de morceaux comme Heavy Roady ou Hyperion, aux structures plus classiques et traditionnelles. Les titres sont certes plus long, mais sont plus cohérents à l'écoute, là où UMMON tendait parfois vers un festival pétaradant d'effets pédales et synthés, charismatiques et souvent virtuoses, certes, mais qui participaient à rendre la copie très hétérogène.

Je vous invite à consulter les différentes sources et articles disponibles en fin de critique qui me semblent complémentaires à ce que je viens d'exposer. SLIFT fait désormais partie des grands de la scène (oui mais laquelle ?!, est une question légitime). Avec UMMON et ILION en poche, le groupe dispose désormais d'une gamme complète de titres pour faire des sets qui, s'ils étaient déjà magistraux, s'annoncent comme véritablement dantesques (oui j'ose le terme).

En complément :

Matt_Jagger
9
Écrit par

Créée

le 21 janv. 2024

Modifiée

le 21 janv. 2024

Critique lue 217 fois

11 j'aime

Matt Jagger

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