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Ivo Perelman, Matthew Shipp, William Parker, Bobby Kapp - Ineffable Joy (2019)


Ivo Perelman est un saxophoniste brésilien que l’on range volontiers dans la case free jazz, mais on sait que ces classifications sont souvent réductrices et ne font que réduire l’envergure d’un musicien, ce qui est ici le cas. Né en soixante et un, il a consacré sa jeunesse à l’étude de plusieurs instruments, dont la guitare, le piano, le violoncelle, la clarinette et le trombone. Il s’est consacré au saxo sur le tard, vers ses dix-neuf ans. Depuis il a bourlingué, s’est installé à Los Angeles et a fréquenté l’université.


C’est à New York qu’il a pris son envol, sa production phonographique est assez importante et doit frôler la centaine d’albums. Celui-ci, son premier pour ESP, date de deux mille dix-huit et possède une très bonne réputation. On y trouve le Perelman de la maturité, avec un bagage énorme et une forte identité, avec ce style qui le caractérise.


Pour faire court Ivo a conservé son âme brésilienne, cela se traduit souvent par un goût immodéré pour le secteur aigu de son saxophone ténor, il s’y plaît essentiellement, s’y sent confortable et à l’aise. Ce qui se traduit par un fort lyrisme avec une certaine profondeur sentimentale, proche des larmes parfois. C’est un peu réducteur c’est sûr que le mieux c’est tout simplement de l’écouter.


Souvent c’est lui qui réalise ses pochettes, celle-ci est assez représentative de son art, il est également graphiste et plasticien. Sa meilleure carte de visite ce sont les noms que l’on trouve dans ses musiciens d’accompagnement, comme ici par exemple, Matthew Shipp au piano, William Parker à la contrebasse et Bobby Kapp à la batterie, des totems en quelque sorte, difficile de faire mieux.


L’album est composé de huit pièces plutôt généreuses, son écoute est très révélatrice de la musique de Perelman, il se promène avec constance dans ce registre qui lui va bien et dessine de multiples lignes mélodiques qui lui servent de point de départ pour investiguer autour de ces thèmes et capter d’entrée l’attention de l’auditeur.


Du coup le travail, pourtant extraordinaire, de ses accompagnateurs semble un peu repoussé à l’arrière, ce qui sera corrigé lors des écoutes suivantes, car le tissu qu’ils maillent est tout à fait exceptionnel, il est même essentiel dans l’appréciation positive et sensible qui s’impose d’entrée.


Un album plutôt magnifique, qui se termine, sans outrances, mais avec « Exuberance ».

xeres
9
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le 28 août 2023

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