Nils Petter Molvær – Khmer – (1997)
Une drôle d’aventure cet album, il ne m’a pas quitté ce mois de juillet, installé dans le lecteur Cd de mon tas de ferraille qui tient encore la route et enfile les kilomètres sans broncher. Aussi je l’ai beaucoup écouté car j’ai pas mal roulé, mais il y avait, il faut bien le reconnaître, comme une supercherie qui s’est glissée dans l’ordonnancement des éléments, une farce du destin…
Je l’ai acheté d’occase il y a pas mal de temps, et, comme je tiens le cap comme un matelot de pacotille, je l’ai cru double. Ce n’est que maintenant que je m’aperçois de mon erreur. Le gars qui me l’a vendu a glissé, en plus de « Khmer » un autre Cd sur le téton. Comme il m’est arrivé de me procurer des doubles cd arrimés sur le même embout, cela ne m’a pas surpris et je pensais l’album double.
C’est en effet une erreur, l’autre album est également un Cd de Nils Petter Molvær, « Recoloured », sorti en deux mille un. J’avais bien noté une évolution entre les deux albums, mais sans penser un instant que quelques années les séparaient. Mais cela ne change rien à l’engouement que me procurent ces deux superbes albums.
Le premier d’entre eux, Khmer » donc, est une pépite sortie sur ECM, très dans la lignée du label côté son, la signature est présente. Pourtant il faut ajouter d’autres éléments qui font de cet enregistrement un album rare et tellement de son temps. Les guitares d’Eivind Aarset, Roger Ludvigsen et Morten Mølster qui apportent un souffle un peu rock et ajoutent un côté planant, en même temps qu’une touche électro et orientale, car les samples, la talk Box et le dulcimer s’agitent également entre leurs doigts.
Il faut compter également avec Ulf W. Ø. Holand et ses samples, ainsi que Reidar Skår qui ajoute des effets et des traitements au son, vous l’avez compris nous baignons dans un bain d’électro savamment entretenu. Et si on ajoute le génial Nils Petter Molvær et son jeu de trompette assez saillant qui, lui aussi, se métamorphose au fil de l’album, nous sommes face à un véritable coup de maître.
Reste à évoquer « Recoloured », sous-titré The Remix album où Nils se souvient de Miles Davis tout du long, sans jamais le copier, redonnant à cette période électrique, superbe et pleine de folie, un hommage appuyé. L’album est moins « World » et Nils a quitté ECM, pourtant l’opus est considérable et ne cède en rien en qualité à « Khmer », ne concédant que des thèmes parfois un peu faciles, mais ce faisant, ne suivait-il pas les pas du maître ?
Deux albums considérables pour le prix d’un…