Plongée au cœur d'un circuit imprimé

Avant toute chose, si vous ne connaissez pas Klaus Schulze, vous passez à côté du plus grand compositeur de musique électronique de tous les temps. (non je ne changerai pas d'avis)

Génie de la musique dite "répétitive" ou des patterns se renouvellent indéfiniment, le tout accompagné de séquences hypnotisantes purement électroniques, ce qui forment des morceaux dont la durée dépassant les 10 (voir 20) minutes est une norme. Il fut l'un des pionniers du synthétiseur, l'un de ceux ayant prit le risque de n'utiliser que du matériel électronique pour composer, dans une époque ou les synthétiseurs sont encore loin d'avoir l'attention du grand public.

C'est après une carrière de batteur dans le fameux groupe Tangerine Dream (dans ses premières années), et après avoir fondé Ash Ra Temple qu'il décida de se lancer en solo dans un style plus mathématique que jamais. Il commence par de l'ambient frôlant avec ce qu'on appelle le "drone" alors que nous sommes à peine milieu 70's. Tout ce qui suivra sa carrière solo est somptueux, hallucinant, méditatif et purée, qu'est-ce que c'est beau à écouter !!!!!!!

Son passif de batteur lui permettra de développer des rythmiques se mariant de la meilleure des manières avec les séquences qu'il crée. Un matériel très complexe à gérer mais qui ne le décourage pas, il suffit de voir ses anciens lives, durant lesquelles il se retrouve, assit par terre, dos au public, devant un mur gigantesque qui l'entoure... Des synthétiseurs à sa gauche, à sa droite, en face de lui, un immense mur de modulaire avec un nombre de câbles à me donner des migraines et pourtant... Jamais je n'ai pu le voir aussi sûr de lui et aussi satisfait de sa musique que sur scène. On aperçoit parfois un sourire qui s'échappe lorsqu'il improvise de magnifiques mélodies. Ahhhh qu'est-ce que j'aurais aimé le voir en concert au moins une fois... Cela fait d'ailleurs 1 an qu'il est décédé, dans la plus grande indifférence de la France, alors que son impact est largement similaire à celui de Jean Michel Jarre.

Ses albums sont incroyables et remplis de bonnes idées, je préfère néanmoins toute les œuvres qu'il a pu offrir lors de ses concerts, lives enregistrés et compilés dans les fameux "La Vie Electronique", qui représente pour moi une mine d'or en terme d'originalité, d'inspiration et de contemplation ! Kontinuum est pour moi l'exception, l'œuvre qui dépasse ce qu'il a pu proposer lors de ses lives, l'œuvre qui dépasse ce qui se trouve dans son œuvre "La Vie Electronique".

Je vais directement parler de ce qui me déplait dans cette album (1 seul point) : Le début du deuxième morceau ne me touche pas particulièrement, ce n'est pas mauvais, mais les longues intro avec du chant ne m'intéresse pas pour être honnête. Ce n'est que purement subjectif et je reconnais que l'intro est bonne en soit.

MAINTENANT parlons de ce qui est génialissime!!! (tout le reste)

Tout d'abord, 3 morceaux composent un album d'1h16... Autant vous dire que le terme de "musique répétitive" n'est pas anodin. Le premier morceau est un voyage des plus onirique et étrange que j'ai pu expérimenter. Cet assemblage de séquences toutes hypnotisantes est fabuleux. De longs pads en fond pour apporter une profondeur à l'atmosphère ambiante afin d'accompagner ces fameuses séquences qui donnent l'impression de vagabonder à l'intérieur d'un circuit imprimé, d'ailleurs c'est l'impression que me donne cet album. Comme si nous nous baladions dans l'un de ces circuits, l'impression que la pochette est une immense structure dans laquelle nous nous perdons, essayant de trouver notre chemin parmi les différents composants électroniques. Alors peut-être que mon imagination en fait des caisses, mais je ne la remercierai jamais assez de réussir à imaginer toute sorte de contexte me permettant de m'évader, ne fut-ce que pour un temps.

Ce premier morceau est le seul qui n'aura pas de "rythmiques" à proprement parlé, c'est à dire que tout se joue sur les séquences, pour notre plus grand bonheur. Les deux autres morceaux auront également des séquences aussi répétitives que satisfaisantes ! Mais possèdent également une rythmique qui, bien que synthétiques, apporte un côté quelque peu "dansant". Je ne suis pas doué pour décrire ce qui me plait dans une musique, particulièrement pour la musique électronique... Mais faites moi confiance lorsque je vous dis que cet album est d'une maîtrise presque effrayante. J'aime à me perdre dans l'imaginaire de celui qui représenta au mieux "l'École de Berlin", et j'espère ne jamais me lasser de ces séquences si particulières qui me réconfortent lorsque mon âme aspire à voyager...