Le strict minimum

Ce premier album de Benjamin Epps était très attendu, et pour cause! L'artiste d'origine gabonaise avait longtemps insisté sur l'importance qu'il attachait à son tout premier album. Pour montrer de quoi il était capable avant de passer le cap de l'album, le jeune rappeur choisit de nous faire découvrir son univers avec trois très bons projets courts (préférence personnelle pour Fantôme avec chauffeur en collaboration avec le Chroniqueur Sale). C'est donc avec beaucoup d'impactience que j'anticipais ce premier album : La grande désillusion.

Et je dois admettre que cette hype qui s'était lentement éveillée chez moi a été assez déçue. Celui qu'on compare souvent à Westside Gunn a montré que sa créativité n'égalait pas celle de son homologue américain. Le format long semble moins convenir au jeune prodige français. Bien évidemment, tous les morceaux sont bien rappés. Le flow que Benjamin Epps a travaillé pendant des années est aujourd'hui bien affiné. On peut toutefois estimer qu'on était en droit d'attendre mieux. L'album manque de profondeur et de varitété lyricale. Les principaux thèmes du projet sont l'egotrip et la résilience face à l'épreuve. Peu de passages de l'album se démarquent de ce que l'artiste a déjà évoqué sur ces deux sujets dans ses précédent opus. Les instrumentales sont également bien moins ambitieuses et innovantes que sur Fantôme avec chauffeur notamment. Paradoxalement, l'identité musicale Benjamin Epps semble moins reconnaissable sur ce dernier projet que sur ses trois précédents. La qualité des morceaux est très déséquilibrée. Les moments de grâce comme le vibrant "vivre" ou les featurings de MC Solaar et Josman cotoient des tentatives mitigées de faire un banger sur "capitaine flamme" ou"la tension". En plus de ça, je ne suis toujours pas convaincu par les tentatives de chant sur les refrains que propose Epps.

Globalement, La grande désillusion reste un plutôt bon album. Le tout est bien exécuté grâce aux facilités de Benjamin Epps et on y trouve de très bons morceaux. Mais l'oeuvre dans son ensemble est hélas relativement déséquilibrée, et sans doute pas assez ambitieuse par rapport aux attentes. C'est une déception pour ma part.