"Angora, montre-moi d'où vient la vie..."

J'ai parfois l'impression que nous sommes peu nombreux à aimer à sa juste valeur l'album L'Imprudence, le merveilleux mais sombre disque que Bashung a sorti en 2002, coincé entre les deux immenses succès (mérités) de Fantaisie Militaire (un des meilleurs albums français, tout simplement) et Bleu Pétrole (pour moi, un cran en dessous, mais très bon quand même).
Ce magnifique concert de la tournée des Grands Espaces suit directement la sortie de L'Imprudence, et c'est sûrement une superbe occasion de re-découvrir quelques uns des morceaux de cet album discret mais d'une grande force poétique et d'une grande cohérence musicale. Ainsi, dès le début, vous avez Tel :
"Tu perds ton temps à te percer à jour. Devant l'obstacle, tu verras, on se révèle. Tel Perceval, tel Casanova, tel Harvey Keitel, à l'avenir, laisse venir..."
Et un peu plus loin, il y a Faites monter :
"Dans ma cornue
J'y ai versé
Six gouttes de ciguë
Un peu d'espoir
Ça d'épaisseur
Et j'ai touillé

Du fond de ma boutique
Monte un cantique
Un hymne à l'amour aurifère
Ébullition
Réaction

Faites monter l'arsenic
Faites monter le mercure
Faites monter l'aventure
Au-dessus de la ceinture
Et les pépites
Jetez les aux ordures"
Et il faudrait aussi mentionner Je me dore ("écran total sur les pores de ma peau, écran total sur nos remords"), Dimanche à Tchernobyl ("Tu m'irradieras encore longtemps, bien après la fin"), L'Irréel...

A cela, vous ajoutez une bonne partie de Fantaisie Militaire (dont l'incontournable La Nuit je mens, le splendide Aucun Express, le rockeux Mes Prisons ou le mélancolique Angora, sans oublier une version incandescente de Samuel Hall) et les succès de Bashung (vertige de l'amour, Osez Joséphine, Ma petite entreprise et le très sensuel Madame Rêve) et vous obtenez un concert exceptionnel, la quintessence de Bashung. Un album essentiel.