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Land
7.4
Land

Album de The Comsat Angels (1983)

S’il y a un constat évident s’imposant à nous et qu’il ne faut surtout pas oublier, c’est bien l’objectif premier de l’industrie de la musique. C’est-à-dire l’argent.


Les Comsat Angels ont beau être les auteurs d’une des plus intéressantes trilogies des années 1980, elle ne les a pas rendus riches. C’est cette raison qui poussa leur label, Polydor, à se séparer d’eux pour cause de résultats commerciaux décevants. Heureusement, ils se font repêcher par une autre structure, Jive, ce qui leur permet de continuer leur aventure. Bien entendu, ce procédé ne s’est pas fait sans contrepartie. Le groupe doit répondre aux attentes financières de cette nouvelle maison de disques et le meilleur moyen d’y parvenir est de se rendre pop. Surtout à une époque où la new wave devient de plus en plus populaire.


Land est donc le début d’une nouvelle ère pour cette bande. Souvent perçue de manière extrêmement négative par leurs fans, puisqu’elle est désignée comme étant un important déclin créatif. Mais c’est aussi à ça qu’on reconnaît les fans : à leur absence de demie-mesure.
L’honnêteté poussera n’importe qui à être en phase sur au moins un point, c’est qu’il s’agit bien d’une transition entre leurs débuts post-punk et une new wave aux intentions mainstream. Ce qu’on perd en constante invention, on le gagne en efficacité. Ce qui est probablement une raison suffisante pour snober cette période controversée selon les plus élitistes.


Cependant, ça serait oublier un point très important : la qualité des chansons. Les Anges de Comsat ont toujours possédé un songwriting authentique et accrocheur. Alors, qu’importe l’enrobage FM de cet album, cela n’a pas changé ici.
D’accord, « Will You Stay Tonight » peut perturber avec son synthé de carnaval. Peut-être qu’il serait plus à sa place sur un opus des Simple Minds (post-New Gold Dream (81-82-83-84)). Et pourtant, quel tube ! Stephen Fellows illumine de sa voix vibrante cette composition indécemment entêtante. Sans être aussi imparable, « Alicia » dans un registre similaire est très plaisante également.


Attention toutefois, le quatuor n’a perdu une certaine fibre pour l’expérimentation sur ce disque sous-estimé. « Nature Trails », dont on apprécie le remarquable travail du bassiste Kevin Bacon, évolue avec un feeling intimiste et inquiet. Inquiétant tel « Mister Memory ». Ses synthés et sa boîte à rythme en font une pièce très cold wave dans l’esprit, mais en plus accessible. Fellow y fait même pleurer sa guitare et confirme à quel point il est un musicien inspiré. « As Above, So Below » retrouve les mêmes hauteurs que la première piste en balançant un refrain en forme d’hymne, mais le meilleur reste cette auto-reprise de « Independence Day » qu’on pouvait entendre sur Waiting for a Miracle. Aussi remarquable que l’originale car différente. Cette dernière a un charme amateur, mais cette nouvelle version est plus professionnelle et puissante. Faites-la écouter à quelqu’un et je suis persuadé qu’il ne comprendra pas pourquoi elle n’est pas devenue un hit !


Parce que malheureusement, Land ne fut jamais une des meilleures ventes de sa décennie et il en va de même avec ses singles. Il est vrai que certaines faiblesses sont à déplorer. « A World Away », est un peu trop répétitif et il est finalement sauvé par une extraordinaire basse. Le posé « I Know That Feeling » est une future orientation qui ne convainc pas pour l’instant (son chœur n’ayant pas la puissance lumineuse des autres chansons).
Néanmoins, les Comsat Angels auraient mérité de décrocher un succès avec cet album. C’est hélas le lot de beaucoup de formations tentant de se faire grand public après des débuts trop originaux pour ce dernier. Méprisé par leurs premiers fans et ignoré par les nouveaux, voilà une position misérable et imméritée pour eux. Car si Kevin Bacon confirme qu’il s’agissait presque de l’œuvre d’un autre groupe, il ne la renie absolument pas. Ce qui donne à réfléchir sur sa mauvaise réputation.


Chronique consultable sur Forces Parallèles.

Seijitsu
7
Écrit par

Créée

le 11 nov. 2017

Critique lue 38 fois

Seijitsu

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