Comme un bouquet de fleurs fânées

Réduit à trois membres depuis le départ de Boris Bodianski dans une décennie qui s'est achevée, Indochine revient avec un album flirtant avec la pop, la folk et la variété. Un album plutôt sobre mais qui montre que le groupe continue d'évoluer musicalement.

Remonter le temps est parfois douloureux comme de se rappeler que "Le Baiser", qui ouvre ici l'album du même nom, finissait par gaver le melon jusqu'à pourrissement, non pas à cause de la chanson elle-même mais au souvenir de lycéennes qui s'en faisaient des films en espérant qu'un boutonneux vienne mouiller ses lèvres sur les leurs.

Jalousie ? Non !

Réécouter Le Baiser aujourd'hui, c'est comme de revoir un bouquet floral que l'on a laissé longtemps dans un vase après une longue absence. Certaines fleurs font (plus que) la gueule. Des pistils se sont desséchés, des pétales sont tombées, larmes végétales échouées sur la table. Le bouquet a perdu de son harmonie et de sa superbe. Rares sont les chansons qui passent bien maintenant, surtout dans la seconde moitié de l'album, la palme de l'horrible attribuée à "Tant De Poussière". Et de poussière, le vase en est recouvert.

Le bon côté, même s'il est moindre, est que les morceaux "More", long joyau de l'album, "Punishment Park" et bien sûr "Le Baiser" plaisent encore, pas totalement épargnés par les flétrissures des années (presque trente ans quand même) mais sont restés intéressants. Nicolas Sirkis chante mieux là, atout plaisant à remarquer il faut admettre, tant néanmoins qu'il ne s'aventure pas dans les aigus comme dans le précédent, 7000 Danses.

Le Baiser est un album vieilli et démontre aussi que le temps peut être impitoyable sur certaines productions, temps contre lequel une question de sensibilité de fans pourrait s'opposer encore.