Engagé.

Un album de 2006 enregistré en trois jours, un pamphlet à charge contre George Bush et sa politique au Moyen Orient, Neil se souvient qu'il a écrit "Ohio", qu'il a été militant pacifiste, jeune hippie écologiste et contestataire. Il glisse rapidement, d'un coup de balai sous le tapis, le soutien qu'il a autrefois apporté à Ronald Reagan et se montre impitoyable face à Bush junior. Tant mieux, l'Amérique suffoque: les mensonges, les guerres du pétrole, la corruption, les massacres et la torture une bible à la main...

"Let's Impeach The President"

Let's impeach the President for lying
And misleading our country into war
Abusing all the power that we gave him
And shipping all our money out the door

Who's the man who hired all the criminals
The White House shadows who hide behind closed doors
They bend the facts to fit with their new stories
Of why we have to send our men to war

Let's impeach the President for spying
On citizens inside their own homes
Breaking every law in the country
By tapping our computers and telephones

What if Al Qaeda blew up the levees
Would New Orleans have been safer that way
Sheltered by our government's protection
Or was someone just not home that day?

Flip - Flop
Flip - Flop
Flip - Flop
Flip - Flop

Let's impeach the president for hijacking
Our religion and using it to get elected
Dividing our country into colors
And still leaving black people neglected

Thank god he's cracking down on steroids
Since he sold his old baseball team
There's lots of people looking at big trouble
But of course our president is clean.

Thank God

Neil se lève et accuse. Il mène au combat une armée conséquente, cent choristes l'entourent et figurent le peuple qui se lève le poing levé, marchant derrière la bannière emmenée par une trompette guerrière, chacun compte et aucun des noms ne sera oublié sur le livret d'accompagnement.

L'album démarre cependant assez mollement, les deux premiers titres sont mous du genou, les mélodies assez quelconque, on s'inquiète.
A tort, l'album décolle à partir du troisième titre "The Restless Consumer" et "Shock And Awe" le feu des guitares embrase l'atmosphère et nous voilà emportés dans un brûlot incandescent. La face deux continue sur cette belle lancée, sur "Let's Impeach The President" Neil attaque Bush de front et le confronte à ses propres paroles, son hypocrisie religieuse et son mépris de la population noire, dans une sorte de prémonition il évoque textuellement la possibilité que ce soit une femme ou un homme noir qui devienne le leader de ce pays !
Retour au calme et à la douceur pour un titre dédié à l'évocation d'un ami de Neil mort au combat "Roger And Out". L'album eût pu s'arrêter là et je l'aurais préféré...
Dans une sorte de revendication un peu lourdingue, Neil se croit obligé d'incarner la "véritable Amérique" avec ses valeurs portées en étendard. Le canadien se lance dans un hymne patriotique à la gloire de son pays d'adoption qui clôt l'album d'une façon qui m'incite systématiquement à zapper le dernier titre, pour rester sur un grand souvenir.

Un bel album donc, avec malgré tout quelques petites faiblesses... En conclusion on retrouve un Neil Young toujours ambivalent: quelques temps plus tard il se détachera de cet album. On ne sait trop où s'arrête la sincérité et où commence le calcul, en tout cas il a su porter magnifiquement la voix d'une Amérique fière et rebelle !