On pourrait presque lui en vouloir d’être aussi bon dans le confort. Loner est de ces albums qu’on soupçonne d’être trop aimables pour être sincères, jusqu’à ce qu’on réalise que leur séduction vient justement de là : d’un équilibre parfait entre accessibilité et raffinement.
Barry Can’t Swim, alias Joshua Mainnie, pousse ici son esthétique à maturité. Si When Will We Land? (2023) vibrait d’énergie et d’ouverture, Loner resserre le cadre, s’écoute davantage qu’il ne s’exhibe. Les textures sont rondes, les beats ciselés, les transitions impeccables. Derrière cette précision se cache une science du groove quasi instinctive : chaque basse glisse comme un sourire en coin, chaque ligne mélodique attrape sans lourdeur.
Certains y verront une forme d’easy listening moderne, une lounge music pour mélomanes exigeants. Mais sous cette surface lisse, il y a une sincérité indéniable : Barry Can’t Swim ne cherche pas à choquer, il veut plaire — et il le fait avec une maîtrise qui force le respect. On y entend le souffle du jazz, la clarté d’une production à la Floating Points, et l’élégance d’un songwriting proche de Caribou ou Bonobo.
La construction de l’album est fluide : quelques sommets rythmiques, des plages introspectives, et surtout cette impression d’unité qui rend le tout profondément agréable sans jamais être fade. C’est un disque d’humeur, d’atmosphère, de savoir-faire. Et même si on aimerait parfois plus de rugosité comme sur « Different », on finit par céder à son charme feutré.
Loner n’a rien à prouver, et c’est précisément ce qui le rend irrésistible.
Si vous n’avez que 3 morceaux à écouter : « Different », « Kimpton », et « All My Friends ».