Loso's Way
6.3
Loso's Way

Album de Fabolous (2009)

Désillusion du public, échec commercial, on ne peut pas dire que Fabolous soit rentré du bon pied chez Def Jam avec "From Nothin' To Something". "Make Me Better" avait beau séduire avec la production de Timbaland et la particpation de Ne-Yo, il n'y avait bien que ça pour satisfaire les attentes. L'ancien rookie new-yorkais devenu une valeur confirmé a connu ici ses premiers déboires et comptait bien les faire oublier en retravaillant rapidement sur un nouveau solo. Plus pointilleux dans ses choix de collaborations, plus précis artistiquement, mieux cadré, on apprend aussi rapidement qu'il va faire comme Jay-Z avec American Gangster en s'inspirant d'un film comme ligne scénaristique du disque. En l'occurrence Carlito's Way (L'Impasse pour nous français) avec Al Pacino qu'il transforme ainsi en "Loso's Way". Un projet qui donne, à ceux qui l'on vu, forcément des espérance sur son contenu. On le voit déjà bien rempli de tracks sombres et street. Bref un Fabolous qui tente tant bien que mal avec ce 5ème solo de sortir la tête de l'eau et de renouer avec les bonnes critiques en essayant de faire quelque chose de mieux.

Il n'oublie pas pour autant l'enjeu commercial de cette sortie car la première chose qu'on remarque c'est encore le grand nombre de featurings. Certes il y en a pas autant que son précédent et on a moins l'impression d'être dans une foire où l'on essaie d'attirer le regard des gens grâce à des gros noms. Il s'est mieux entouré et fait tout de même appel au talent de The Dream, Jeremih, Keri Hilson, ou encore Ryan Leslie pour assurer ses trois premiers singles. La on se dit qu'on est déjà mal partis pour avoir des morceaux street... Effectivement vous vous en doutez on reste dans ses produits arrosés d'R&B dont raffole de plus en plus Fabolous. "Throw It In The Bag" composé par la paire inséparable Trixstar/The Dream, l'excellent single "Everything, Everyday, Everywhere" sortie du génie de R.Les ou encore "My Time" avec le petit nouveau Jeremih sont idéales pour être diffusé sur les ondes. Des titres très loin d'être mauvais, seulement pour un album qui se veut inspirer par le scénario de Carlito's Way ça paraît bien étrange qu'il y en ai tant. Surtout que ça le réduit fortement dans son pouvoir de lâcher de bonnes punchlines.

"Makin' Love" est l'occasion pour lui de retrouver Ne-Yo sur une bonne balade menée de main de maître par le prodige du R&B et co-produit par no I.D. & Jermaine Dupri. D'ailleurs la chanson aurait été bien plus adapté sur un de ses albums que sur celui de Fab. Le patron du So So Def est encore à l'origine de "Last Time", au thème bien plus profond cette fois-ci, mais qui musicalement reste très pompeux avec le refrain de Trey Songz. Seul le prodige Ryan Leslie arrive a tirer réellement son épingle du jeu, car après le très bon single avec Keri Hilson il nous divertis sans grand artifice, juste ce qu'il faut sur le léger "The Fabolous Life" pour ressentir la vie de rêve narrée par Fabolous. Magistrale, sensuelle, envoûtante, relaxante, intouchable, autant de mots pour qualifier la voix et la prestation de Marsha Ambrosious sur "Stay". La tête dans les nuages pour l'auditeur et une nostalgie lyricale pour Fabolous qui raconte son enfance et sa relation écourtée avec son paternel.

Revenons dans un univers plus brut avec des morceaux plus Hip Hop dans lesquels Fabolous peut enfin lâcher des textes plus percutant. Ça démarre fort via "The Way "Intro" (produit par StreetRunner), tel sur un ring Fabolous déclare rageusement à tout le monde que s'il en est arrivé à ce qu'il est aujourd'hui c'est uniquement par ses propres moyens, par son ambition. En gros il a gravis les échelons un à un à contrario de certains produits préfabriqués par les majors. Lil' Wayne et Fabolous sortent leur treillis sur "Salute". La star incontournable du Hip Hop joue son rôle comme d'habitude à base de flow indéfinissable et de lyrics torturés tandis que Fabolous paraît plus motivé lorsqu'il a un invité de taille à ses côtés. La bombe street de l'album est sans conteste "There He Go" avec Paul Cain, Red Cafe et Freck Billionaire qui nous font crépiter sur ce banger produit par The Blackout Movement. "Pachanga" est l'instant moralisateur de son film; un message, des choses qui lui tiennent à coeur sont exprimé ici sur ce sample grillé d'Harold Melvin & The Blue Notes. L'un des rares morceaux consciencieux qui de par ses dires et cet atmosphère Soul s'inscrit idéalement dans son projet. De même pour "Lullaby" qui fait quand à elle partit d'une scène bien plus obscure que le reste avec sa lente et funèbre production d'Alchemist, sans oublié les scratches de Just Blaze qui sont crédités.

La aussi il y a parfois quelques loupés: "Imma Do It" produit par DJ Khalil part sur de bonnes bases mais est totalement ridiculisé par la soupe de Kobe au refrain. C'est aussi un peu le reproche qu'on peut faire à "Feel Like I'm Back" qui elle ambiance bien par son air mais qui manque un peu plus d'intensité dans la productions des J.U.S.T.I.C.E. League pour alourdir le tout. Le pourtant prometteur "Money Goes, Honey Stay (When The Money Goes Remix)" nous laisse aussi sur notre faim. Jay-Z est bien en featuring, mais uniquement sur un refrain qui revient un peu trop rapidement du coup la track devient vite ennuyante. Un manque d'inspiration qui sera vite balayé de nos esprits par le magnifique finale dont nous a concocté Fabolous. Il finit en beauté sur un storytelling impressionnant qui prouve qu'il en a encore sous le capot quand il veut. C'est la qu'on se dit quel gâchis lorsqu'on découvre l'hétérogénéité de ses disques. "I Miss Ya" crève les enceintes, on croirait vivre la scène en direct avec son ambiance haletante. Une track produite par.... Sean C. & L.V. .... les principaux investigateurs d'"American Gangster" de Jay-Z.
Bobby_Milk
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le 20 déc. 2011

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