Julien Doré je l'ai connu comme tout le monde (ou presque) lors de l'émission "nouvelle star". J'étais tombé sous le charme de sa fraicheur et de son talent même si je n'étais pas dupe et que c'était aussi le jeu de ce type d'émission, on sentait bien un certain calcul et un certain jeu pour profiter à plein de cette mise en lumière sporadique dont il faut profiter au maximum pour éclore aux yeux du grand public. C'est avec une certaine crainte que j'attendais la suite car combien n'ont pas saisi cette immense chance d'avoir le pied à l'étrier mais de devoir peut être encore plus que les autres tout prouver une fois libérés du carcan médiatique. Et l'immense médiatisation, son parti pris de continuer à jouer un rôle, cette impression d'égo nécessaire mais ici non maitrisé, le mélange des genres (compagnon d'une fille météo, cinéma,...) m'avait éloigné de lui et l'avait rangé à mes yeux avec ses deux premiers albums aux cotés des dizaines de faux talents perdus sur les routes du succès et aveuglés au point d'en avoir oublié ce qui leur avait donné l'envie de commencer sur cette voie. Quand j'ai entendu "paris seychelles" et soyons honnête les bons échos qui accompagnaient la sortie de son 3eme album "Love", l'intérêt est revenu. Mais il m'a fallu plusieurs mois pour tenter l'expérience et un apéritif entre amis où l'album défilait en fond sonore. Quelques passages, notes, bribes de textes sont venus titillé mon oreille et me voilà le lendemain le cd à la main, curieux, heureux mais craintif d'avoir été berné. J'en étais que plus critique pour ma première écoute. Et j'ai été conquis. Julien Doré avait enfin fait l'album qui lui ressemble avec sa bande de potes sans passages obligés, sans fard. Sa voix est là maitrisée dans le bon sens du terme, ses textes lui ressemblent et la production est cohérente. C'est un album à la fois dansant et sombre mais surtout homogène. Les textes mélangent habilement le thème principal qui est la séparation avec les voyages d'un couple amoureux. On y côtoie la déchirure, la tristesse, la violence, le spleen, la nostalgie avec les Seychelles, un week end à Londres, les hôtels, viborg,...Et au milieu de tout ça une chanson clin d'œil "Platini" qui se détache nettement de l'ensemble, avec sa voix aigu, son humour glacé et sa dérision mais tout bien mieux maitrisé qu'à ses début. Et ça marche. Pour le reste, le cœur, ça commence par une superbe chanson "viborg" qui vous scotche dès le début notamment musicalement et par une maitrise des rythmes incroyable. Suit "paris seychelles", gros sucés mérité dont on a beaucoup parlé mais qui prouve à elle seule le talent si longtemps refoulé et caché de ce jeune homme écorché vif. Suivent "habemus papaye", l'excellente "hotel therese", "heaven" et "chou wasabi", maitrisées, homogènes. Puis l'apothéose de l'album arrive avec "london nous aime", "mon apache", "on attendra l'hiver" très biolesque et "corbeau blanc" qui nous achève comme arrive sa souffrance au paroxysme. Plus léger mais très beau aussi la dernière douceur "balto". Bref, belle surprise, mais surtout belle mais lourde conséquence, on sait maintenant que sous cette crinière se cache un homme bourré de talent et que surtout sous la star se cache un artiste.