Richesse du coeur

Quatre ans après un premier album très réussi, Michael Kiwanuka transforme l’essai. On se rend vite compte que c’est bien plus que de la soul quand on prête attention aux accents psychés, que l'on connaît le parcours musical du chanteur (il a commencé par écouter en boucle Radiohead et Nirvana) et que l'on apprend que Danger Mouse était à la production.

C’est surprenant d'entendre Michael Kiwanuka avec des instrumentations aussi riches après le plutôt épuré Home Again. C'est un pari réussi, car tous les morceaux présentent quelque chose d'unique. Quelques-uns se détachent plus que d’autres : la planante introduction « Cold Little Heart » et son symétrique final « The Final Frame », le grave et convaincu « Love & Hate », ou encore le magnifique « Rule the World » que l'on croirait déjà être un grand classique de la soul.

Les soli de guitare, très bons, rappellent parfois le style de David Gilmour. Les parties de synthé sont variées et élaborées. Quant à la voix, c’est bien entendu l’un des grands atouts de l’album. Ou plutôt les voix, car on trouve naturellement quelques chœurs féminins ainsi que des cordes et des cuivres en guise d’accompagnement. Michael Kimanuka chante de façon convaincante et subtile et assure la continuité soul sur un album qui, sans cela, pourrait presque se trouver orphelin de style.

Voilà un exemple probant de la manière dont on peut poursuivre l'Histoire d'un genre en puisant de l'inspiration dans d'autres genres par-ci et par-là.