La plupart des gens ne regardent pas vraiment plus loin que Sign "☮︎" the Times dans la disco de Prince. Il faut dire que pris entre les anecdotiques The Black Album et Batman, c'est facile de passer à côté. Je ne vois personnellement pas le chef-d'oeuvre tant célébré dans le double album de 1987, mais ça c'est mon problème. Je trouve en revanche un peu dommage qu'on parle aussi peu de ce cru 1988 qui présente un virage des plus pop après le funk un poil austère de Sign.
Grosso modo, quand j'écoute Lovesexy, l'un des albums les plus pop du nabot après Purple Rain, j'ai l'impression d'allumer la radio dans un monde parfait à la fin des années 1980. Un énorme gloubi-boulga de synthfunk, dance pop, hip hop, R&B et electro qui fonctionne à merveille, à la place de l'AOR faisandé et des tubes eurodance moisis qui devaient pulluler sur les ondes à cette époque.
Bien que très pop, Prince a conservé son style unique basé sur des percussions sèches, des morceaux à rallonge bourrés d'éléments disparates, d'incursions rap et d'envolées synthétiques cyberdéliques. Les outros des morceaux pataugent d'ailleurs souvent dans une esthétique reprise telle quelle par le mouvement vaporwave de notre époque bénie.
Bref, si cet album ne contient aucun des tubes intemporels du kid (de toute façon, le dernier c'est quoi, "Kiss" de 1986 ?), il s'agit en revanche peut-être de son dernier meilleur album avant deux décennies d'égarements divers (quoique ses premiers albums des années 90 ne soient pas dégoûtants du tout).