Esprit es-tu là ?

Une voix énigmatique et profonde. Un propos et une enveloppe musicale épurée. Voici ce que propose Mariusz Duda (le bassiste/chanteur de la formation ultra-tendance RIVERSIDE) dans son premier projet solo Lunatic Soul. Encadré par quelques solides lieutenants de la scène polonaise (Michal Lapaj de Riverside, Wawrzyniec Dramowicz d'Indukti, Maciej Meller de Quidam entre autres), ces compositions crépusculaires donnent à entendre cette voix, si pâle qu'elle vous attrape au moindre mouvement sans jamais vous lâcher.

Introduit par l'ambiance du morceau « Rebirth », idéal pour investir cet univers oppressant, l'album malmène nos repères dès « The New Begining », dans un cadre atmosphérique qui frôle l'hypnose collective. Guitare acoustique, flûte et tambourin convoquent alors quelques arabesques lancinantes, à la limite du mystique. Et ça continue : formes incantatoires qui avancent à pas feutrés (« Out on a Limb », implacable), habitées d'une violence que l'on sent profonde comme sur « The Final Truth » qui, dans l'exploitation d'une basse plus organique qu'à l'accoutumée, évoque le groupe phare de Duda. Le reste constitue autant de morceaux qui dressent le poil pour peu que l'on soit sensible à cette lenteur qui frise parfois l'anxiogène (« Where the Darkness is Deepest », « Adrift » très porcupinesque) avec également une flamboyance nuancée et nonchalante (« Near Life Experience »). Loin de toute bricole, il ne reste plus à Mariusz Duda qu'à tresser de sa voix intacte et méticuleuse le fil de ces histoires très acoustiques, comme sur le morceau titre, rafraîchissant de simplicité. Sans coquetterie ni guimauve symphonique, Lunatic Soul s'impose dans une veine qui sait donner le plus avec le moins.

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