"Masque Of Obsequious Venality"

Je n'avais pas suivi l'évolution de ce groupe irlandais découvert à l'occasion de la sortie de sa démo en 2014, qui montrait déjà énormément de potentiel. Apparemment, celui-ci s'est confirmé, à voir les retours sur les sorties qui suivirent, notamment l'EP de 2016, The Cursed Travails Of The Demeter. Il faut dire qu'à l'écoute de ce petit format, on sent que le groupe a bien progressé, affinant un peu plus son style au fil du temps. Le doom apparaît de moins en moins, au profit d'une touche plus blackisante et de subtiles mélodies, le tout avec une ambiance de plus en plus travaillée.

On retrouve cette tendance sur Masque, qui est vraiment une œuvre qui grandit au fur et à mesure des écoutes. Le combo n'a pas peur de jouer des plans mélodeath, puisque c'est pour revenir quelques mesures après à du death bien sombre.

Pas de cache-misère ici, pas de fard ni de fioriture, Vircolac joue un death metal très épuré à la production précise tout en étant bien rugueuse, comme il est de bon ton. Ils cultivent une ambiance de mort absolument délectable, qui à mon avis atteint son paroxysme sur le morceau titre : début décharné avec un riff en arpège en son clair sur mid tempo, repris en saturé par le duo de guitare à la tierce, sur fond de chant écorché avec ce qu'il faut d'effet (on imagine tout à fait un cadavre parler comme ça) ; petit pont léthargique avant l'accélération soudaine et très efficace pour un passage dark mélodeath, puis retour à une accalmie psychédélique aux subtils arrangements mélodiques, une intensité qui va crescendo pour, au final, un faux départ avec le thème mid tempo du début, une dernière partie plus agressive sur fond de double pédale (très peu appuyée, ce n'est pas le lieu ni l'heure) et un final en larsen. Une description qui me permet d'expliquer à quel point Vircolac joue avec les nerfs de l'auditoire, s'attache à rester imprévisible tout en conservant une ligne directrice. Même si Masque (le morceau) s'y prêtait bien, on pourrait réaliser un exercice similaire avec d'autres.

A ce stade de mes écoutes, j'en suis à ce constat et cette notation. Mais je pense que cet album continuera de grandir dans mon estime. Car je dois admettre que les premières écoutes m'ont laissé presque indifférent, car Masque (l'album) est de ces albums qui demandent une certaine concentration pour être appréhendés et bien compris. Quelque part, même si le style diffère sensiblement, je retrouve pas mal de choses que j'adorais chez Howls Of Ebb, groupe génial qui savait aussi y faire question atmosphère morbide. Pour ma part, de deux choses l'une : soit Masque est un chef-d'oeuvre en devenir (trop facile que de jouer la carte de l'« instant classic »), soit le prochain album le sera de manière plus évidente.

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