McCartney
7.1
McCartney

Album de Paul McCartney (1970)

Un titre aussi sublime soit-il ne fait pas un album.

Un des problèmes avec ce 1er album solo de Paul, c’est le contexte, le moment où il est publié. Les Beatles ont accouché d’une œuvre monumentale moins de 7 mois plus tôt et sortent (quasi) simultanément leur dernier album … et un de ses ex-membres éminents se lance dans une sorte d’accident anecdotique.

Ce contexte, je ne l'ai pas vécu, j'avais presque un an mais il ne peut être ignoré pour "juger" ce disque. Et la comparaison inévitable avec ses œuvres antérieures fait mal, très mal.

Paul emporte avec lui quelques chansons déjà travaillées avec ses trois potes et puis essaie d'en faire quelque chose qui tient la route mais, sans doute équipé de mauvais pneus et d'un châssis très mal réglé, il se plante violemment.

Que propose-t-il ?

Une chanson énorme, envoûtée et envoûtante, habitée, où tout est parfaitement à sa place. Une des plus belles de toute sa carrière Beatles et post-Beatles, pas moins. C'est déjà une performance magistrale ! Mais "Maybe I'm Amazed" est l'arbre qui cache la forêt.

Les autres "vraies" chansons ont toutes, sauf une, un aspect bancal qui fait que ça ne prend pas.

"The Lovely Linda" ... il l'aime sa Linda. Il le dit. En attendant, cette bluette est "gentille", un peu lassante quand même alors qu’elle ne dure que 43 secondes … Mais il n’empêche, ce petit air a une certaine tendance à rester en mémoire.

"That Would Be Something", l'interprétation de Paul n'est pas du tout à la hauteur. Un peu comme s’il s'était trompé de piste vocale sur la version publiée. Étrange. Sinon, là aussi, on écoute une chanson pas désagréable mais pas bouleversante non plus.

"Every night", la chanson la plus convaincante après "Maybe I'm Amazed". Elle sonne bien. Elle fait plaisir, elle adoucit l’humeur et offre une belle facette du talent de Paul. 52 ans après, elle tient son rang. Le travail en studio en valait la peine.

"Man We Was Lonely," dès l’intro on sent qu’il y a un problème. Que quelque chose manque. Quoi ? L’inspiration, peut-être. En fait, le plus réussi dans ce morceau, ce sont les couplets qui tranchent avec le refrain "casse oreilles" proposé par Paul.

"Oo You", tourne en rond. Ça passe mais ne laisse aucune trace. Ici, l’intro semble annoncer un chouette moment mais le soufflé à peine monté retombe assez vite. Pas épouvantable mais assez moyen.

"Teddy Boy" n'est pas désagréable mais le morceau tourne aussi un peu en rond, couplet, refrain, couplet, refrain ... et puis ... Plus grand chose une fois le morceau arrivé à son terme. En tout cas, il ne donne pas envie d'y retourner tout de suite. Une autre fois peut-être, si on a le temps, si on n'a rien d'autre à écouter ... Pas vraiment étonnant qu'il n'ait pas été retenu pour un album des Fab Four. (A ce propos, peut-être la version entendue sur les bootleg de Get Back serait supérieure ne fut-ce que par la présence des petites délires vocaux de John).

La voix de Paul, un peu niaise, ne sert pas le morceau non plus.

D’ailleurs, à l’image d’une bonne part de ce disque, ce titre a les (mauvais) accents de démos inabouties. C’est sans doute un des aspects les plus tristes et regrettables de la première vraie expérience de Paul en solo.

Les autres extraits instrumentaux sont vides, sans relief ni reflet, sans aucun intérêt non plus. Paul n'avait pas le matériel pour faire tout un album. Il nous livre ici des trucs creux, un fatras insipide. Des bricolages à l'opposé de ce qu'il peut faire quand il est inspiré. C'est même indigeste par moments, presque pas écoutable.

Ces morceaux n'offrent quasi rien.

"Valentine Day", pas grand-chose à écrire. Dispensable, en tout cas pas à la hauteur de l’homme qui fut plus qu’un simple quart des Beatles.

La première minute trente de "Hot as Sun Glasses" est terriblement ennuyeuse, les instruments sonnent comme une mauvaise musique d'ascenseur ou pour illustrer un spot publicitaire de club de vacances, une horreur. Inspiré à Paul 12 ans auparavant… Bon, cet air serait resté dans l’oubli qu’on n’aurait rien perdu. Ensuite, on a droit à 27 secondes qui nous plongent dans le néant. Les 10 dernières tentent de nous séduire mais on friserait presque le suicide. Help !

"Junk" est douce mais une fois encore la partie vocale n'est pas du tout convaincante. En fait, le morceau prend sa vraie et belle dimension dans sa version exclusivement instrumentale, "Singalong Junk".

"Momma Miss America" fait illusion pendant une minute et cinquante-cinq secondes avec son rythme enlevé, son piano enthousiaste et sa basse qui ronronne… ça y est, là, on tient un truc ! Mais à l'entame de la 2e minute, ça se vautre. Et ça fait mal !

Arrive la fin de l'album avec "Kreen - Akrore". Peut-être la pire piste sonore jamais publiée officiellement par Paul McCartney. On aurait donc dans le même disque les deux extrémités de la carrière de Paul, la meilleure avec "Maybe I’m Amazed" et la pire avec ce "K.-A". En matière de grand écart, Paul a rarement fait mieux. Un lien quelconque avec Pink Floyd ? Sans l’inspiration alors ! Ça sonne comme une fin aux soins palliatifs. Que vient faire ce "truc" dans un disque de McCartney, le tout frais ex-Beatles ? Un méli-mélo inécoutable plus de deux fois car terriblement répétitif. Les parties de guitares tentent d’apporter un peu de réconfort au malade mais trop brèves et trop peu nombreuses, elles ne peuvent rien pour lui. On entend Paul respirer ; il cherche un second souffle ? Tente-t-il de prendre une dernière bouffée d'oxygène avant que l'album ne rende l'âme ? En fait, non, ce disque ne saurait pas rendre ce qu'il n'a pas.

Je pense que pour apprécier cet album, il faut être un fan très indulgent de Paul et avoir découvert sa carrière solo en ce printemps 1970 pour lui trouver du charme (et n’avoir jamais écouté Abbey Road auparavant). Pour que la magie de la nostalgie fasse son effet en quelque sorte et qu'on replonge dans cet état ressenti lors de la première écoute. Comme un lien subjectif mais réel … mais subjectif !

Ce n'est pas le premier album de Paul que j'ai découvert ... Donc pour moi, la nostalgie n’opère pas. Je pense que si j'avais eu 14-15 ans en avril 1970, j'aurais été choqué. Et cet album aurait risqué de m'écarter longtemps de McCartney.

Je suis assez content d'être né en 1969 ...

Je précisais que cet album n’a aucun charme. En fait, si, son contenant. La pochette raffinée est une réelle réussite esthétique et la photo verso est magnifique. Ouf …


Moovy
2
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le 4 oct. 2023

Critique lue 32 fois

Moovy

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