On peut dire que Milos (prononcer miloche) a été bombardé sur la scène musicale par son éditeur (le Gramphone Allemand), qui a su le marquetté comme un bel objet métrosexuel, sur fond de villages monténégrains, de déracinement londonien et d'une enfance entre guerre et musique. J'ai dû entendre 10 fois l'histoire racontée par le (fort avenant) guitariste, et je commence à m'en lasser, préférant de loin le toucher du bonhomme sur l'instrument à ses apparitions trop travaillées.
Cela dit, Karadoglic (prononcer, je crois, glitche) est assurément un des bons jeunes guitaristes de son temps. Je lisais ailleurs sur le net qu'il en est sans doute de meilleurs, mais qu'assurément, c'est celui qui sait le mieux porter vers un public plus large un répertoire connu d'une frange infime parmi la frange restreinte des amateurs de musique classique.
Il est vrai qu'en concert, le bonhomme, didactique, charmeur et joueur, sait installer l'écoute, creusant dans nos salles compassées et souvent peu amènes, un lieu facilement chaleureux. Ce qui ne serait pas grand chose s'il n'avait réellement une façon bien à lui de nous restituer un répertoire déjà balisé de très grand noms. Et je garde ainsi un souvenir... d'outre-espace de son interprétation de Koyunbaba au TCE cette année.
Le disque est à la hauteur. Une autre une autre critique sur le site le remarquait déjà : Mediterraneo est une galette qui joue essentiellement avec les grandes partitions de la guitare classique, tarte à la crème du répertoire. Mais avec quel son, et quel tempérament ! Certains morceaux y font à mon sens référence - Le Capricio Arabe de Tarrega, l'Asturias des Españolas d'Abeniz, et bien sûr, le Koyunbaba de Domeniconi. Quelques passages moins réussis ne me plaisent que par à-coup (l'orchestration de Jeux Interdits - une Romance de Sor). Mais le climat d'intense mélancolie qui baigne l'album, l'inventivité de l'interprétation, le caractère si affirmé du jeu, font des moments passé à l'écoutes de petits miracles, fort rares finalement.
Souhaitons alors que ces débuts fulgurants ne le soient trop - à ce titre, je n'entends plus F. Morretti, depuis son concert d'il y a deux ans je crois, aux Abbesses, où elle n'avait pu se départir qu'en toute fin d'une façon scolaire et comme dépassée par les partitions. Les labels ont parfois une façon somme toute perverse d'épuiser musicalement les jeunes talents qu'ils recrutent... En attendant, le second album vient de sortir (Latino) : autre répertoire, où, à mon sens, on sentira que le guitariste se cherche un peu plus peut-être.
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