METAL GALAXY
6.1
METAL GALAXY

Album de BABYMETAL (2019)

Troisième album des Japonais de Babymetal, Metal Galaxy est aussi le premier sans leur choriste Yui qui a jeté l’éponge pour raisons médicales et leur guitariste Mikio Fujioka décédé lors d’un accident domestique. Les morceaux étant composés par toute une équipe et le producteur du groupe, la poursuite de ce projet n’a pas été remise en cause et la direction musicale est toujours aussi variée. Il faut dire que les musiciens se succèdent dans le Kami band, tandis que trois nouvelles choristes, surnommées les Avengers, prennent place à côté de Moa lors des concerts. Comme plusieurs morceaux étaient déjà parus en single ou avaient été joués en concert, tous les titres de ce nouvel album ne sont pas inconnus, néanmoins, ils sont souvent présentés dans des versions inédites (ce qui est courant avec les musiciens japonais). C’est notamment le cas du titre « Elevator Girl » dont on nous offre une version en anglais pour le marché international ou « Distorsion », sur lequel Alissa White-Gluz (Arch Enemy) vient chanter, ce qui n’était pas le cas sur le single paru en 2018. Mais revenons à l’analyse de ce nouvel opus.
Démarrant par une introduction orchestrée, ce qui est le cas depuis le premier album, Metal Galaxy enchaine d’abord trois singles en puissance pour mieux saisir les fans à la gorge. Le sympathique « DA DA DANCE » qui mêle influences dance, électronique et metal, renoue avec les débuts du groupe pour le plus grand bonheur des fans de la première heure. Il est suivi par le puissant « Elevator Girl » sur lequel la chanteuse Su montre tous les progrès qu’elle a pu réaliser ces dernières années. Son chant est plus mature, tandis que les guitares, toujours aussi énormes, tissent un vrai mur de riffs derrière les couplets. Takayoshi Ohmura est toujours aussi impressionnant en solo. Véritable hymne qui fait déjà office de classique en concert, il est complété par l’oriental « Shanti Shanti Shanti » qui rend hommage à bollywood. Cette chanson, savamment construite et chantée, s’avère une vraie prouesse musicale.
Après ce trio dévastateur, on aurait pu croire que le soufflé allait retomber, mais les Japonais ont plus d’un tour dans leur sac en nous offrant « Oh! MAJINAI », un morceau de folk metal proche de Finntroll et chanté en compagnie de Joakim Brodén (Sabaton). Etonnant, mais jouissif. Par contraste, le policé et très Jpop « Brand New Day » surprend par sa construction et ses mélodies. Accompagnées par Tim Henson and Scott LePage de Polyphia, Su et Moa s’en tirent à merveille, tandis que les guitares se font plus enjôleuses qu’à l’accoutumée. Après cet intermède très pop-rock, le groupe revient à un metal alerte, avec le puissant et nuancé « Night Night Burn ! », correct, mais déjà mille fois entendu sur les ondes nippones, ce qui n’est pas le cas d’« IN THE NAME OF » qui évoque le Sepultura de Roots, avec ses percussions tribales et ses voix gutturales. On sent que le kami band s’est fait plaisir sur ce titre, reléguant les jeunes chanteuses au rôle de spectatrices.
Après cette explosion quasi death metal, les deux singles suivants remettent l’album sur ses rails. « Distortion » ne fait d’ailleurs pas baisser l’intensité, grâce sa rythmique épaisse, ses riffs dévastateurs et les growls d’Alissa. Le contraste avec la voix de Su et le refrain pop-metal s’inscrivent parfaitement dans la lignée des précédents albums du groupe. Il en va de même pour le power rap « PA PA YA!! » qui voit le rappeur thaïlandais F. Hero poser son flow et sa grosse voix. Comme les autres singles de Babymetal, ce titre est irrésistible et rappelle « Do ki do ki Morning » en plus mature.
La fin de l’album est davantage tournée vers des compositions moins directes, mais certainement mieux construites et plus profondes. C’est le cas de l’excellente « Kagerou », maîtrisée de bout en bout, et portée par un riff bourré de groove, un refrain mélodique à souhait et une performance vocale étonnante de Su. Déjà connu, « Starlight » est un bon morceau de heavy metal, un peu plus conventionnel que le reste de l’album, mais qui est efficace en concert et qui rend hommage à leur guitariste disparu. Plus dispensable, la mélodique « Shine » semble écrite pour le marché japonais, tandis que l’album se termine sur « Arkadia », un brûlot néoclassique rapide, dominé par la guitare de Takayoshi Ohmura (dont je vous conseille les albums solos qui s’inscrivent dans ce style). L’une des versions japonaises contient deux titres supplémentaires, tandis que le morceau « Elevator Girl » est évidemment en japonais.
Moins frais, moins surprenant, mais certainement plus mature et éclectique, Metal Galaxy risque de dérouter certains fans de la première heure, mais prouve que Babymetal est devenu un vrai groupe et non plus le projet déjanté d’un producteur ayant su s’entourer de musiciens de grand talent. Certes, les chanteuses ont perdu de leur candeur après huit ans dans le métier (Su a 21 ans passé, maintenant, et Moa plus de 20), mais elles ont justement gagné en expérience.

DenisLabbe
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le 19 déc. 2020

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