Un chef d'oeuvre incompris

Comme Debussy ou Bach dans leur temps, Maître Gims est un génie incompris qui n'a de cesse de se faire trainer dans la poussière par ses détracteurs, mais il est, avec Jul (autre compositeur fortement décrié, mais là n'est pas la question), l'un des plus grand artistes français de ce début de siècle, et il y a fort à parier pour que dans 100 ans il soit étudié dans les facs de musicologie. Bien évidement la majorité du public ne voit en lui qu'un pur produit commercial qui vend de la musique sans âme, mais parmi tous les gens qui mettent des sales notes au maître, combien ont vraiment pris la peine d'analyser sa musique ?

Aujourd'hui vous vous branlez allègrement sur le sacre du printemps qui a provoqué la haine lorsque le public l'a entendu pour la première fois en 1913, à cause de personnes qui n'étaient pas prêts à accepter les nouveaux standards esthétiques de l'art. Il faut se rendre à l'évidence, la musique évolue, et Gims est précurseur dans cette voie.

On remarque que Gims cache à peine ses références à Bergson ou Spinoza dans la structure de l'album divisé brillament en deux parties (la pilule bleue ou la rouge, il y aurait tant à dire qu'une critique ne suffirait pas), chacune ayant sa teinte sonore et une thématique principale. Le titre de l'album fait d'ailleurs explicitement mention de Pascal dont Gims va revisiter la pensée pour l'actualiser à notre époque, mais ça, les bobo élitistes de ce site refusent de le reconnaitre et préfèrent se moquer de ''Bella'', une oeuvre de jeunesse de l'artiste qui souffre de beaucoup d'imperfections, malgré une maîtrise mélodique assez innovante.

Vous comprendrez que je ne pourrai pas faire ici une analyse détaillée morceaux par morceaux tant il serait possible d'écrire une thèse sur cet album. Mais si vous regardez les paroles en détail, vous remarquerez (si vous ouvrez un peu votre esprit qui est resté bloqué au XX° siècle) que le maître nous offre un sous-texte très habilement dissimulé sous une forme avant-gardiste, en effet, le chanteur n'hésitera pas à employer un vocabulaire encore peu répandu et des tournures de phrases qui outrepassent les règles de grammaire et de conjugaison, monsieur ne choisit pas la facilité et s'aventure là où peu de compositeurs l'ont osé, et on ne peut que saluer cette démarche.

Mais c'est musicalement que l'oeuvre prend tout son sens, Gims prolonge le travail de ses contemporains comme John Cage, Steve Reich ou même Philip Glass, n'hésitant pas à user de structures simples qu'il va briser au détour de variations harmoniques savamment placées dans les morceaux. L'album est excellent et une cohérence incroyable demeure tout le long, mais contrairement à ceux que je viens de mentionner, Gims va s'adresser à un public plus large en faisant une musique pouvant être appréciée par tous, comme Aaron Copland, il a une volonté de musique savante et populaire, et même ses clips illustrent cet objectif, Gims a compris son époque et essaye de transporter l'auditeur au-delà sans même qu'il ne s'en rende compte.

Evidement le maître divise, et la communauté sens critique n'est pas prête à accepter un artiste qui ose essayer de nouvelles choses et qui va permettre de diffuser à la radio une musique intellectuelle, non, les gaucho-élitistes préfèrent garder la culture pour eux et renier un artiste universel qui peut être apprécié par tous. On vit une bien triste époque, mais au moins Gims aura eu une certaine reconnaissance (bien que trop faible par rapport à son talent) de son vivant.