Mondo
6.9
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Album de Electric Guest (2012)

Dans le monde de la production musicale, il existe un travail de l'ombre, un métier qui consiste à apposer sa "patte" sur un album, c'est le rôle du producteur. Dans ce milieu, certains producteurs ont eu une telle influence qu'ils en sont arrivés à être aussi connus que les artistes qu'ils produisent. Parmi ces géants de la production, on peut citer le cas de Phil Spector (inventeur du fameux "Mur du Son", producteur de The Ronettes, John Lennon), George Martin (producteur des Beatles, également appelé "le cinquième Beatles"), Steve Albini (producteur des Pixies, de Nirvana, de PJ Harvey), ou encore Nigel Godrich (producteur de Radiohead et considéré lui aussi comme le 6ème membre du groupe). Ces noms ont tous une constante : ils arrivent à insuffler leur style à un album, leur "son". Pour ma part, je considère aussi enrichissant musicalement de suivre un producteur qu'un groupe/artiste.

Parmi les nouveaux producteurs influents, il y en a un qui sort particulièrement du rang depuis près de dix années maintenant. Il s'appelle Danger Mouse (de son vrai nom Brian Burton), il est encensé partout depuis la création de son mashup The Grey Album (remix du Black Album de Jay-Z et de l'album blanc des Beatles), a produit Demon Days de Gorillaz (à mon sens leur meilleur album), est membre de Gnarls Barkley (que tout le monde connait depuis le single Crazy), est le contributeur privilégié de la montée en puissance des Black Keys (Attack & Release, Brothers puis El Camino) ou encore le créateur, avec le chanteur des Shins, de Broken Bells. On l'a retrouvé récemment avec Daniele Luppi pour l'excellent album Rome (dans lequel Norah Jones et Jack White ont fait une apparition), il est d'ailleurs du nouvel album de Norah Jones (sorti le 1er mai) et du prochain U2. Pourquoi tout ce laïus concernant Danger Mouse ? Et bien simplement car il est le producteur du premier album d'Electric Guest, gage s'il en est d'une certaine qualité. Et la "patte" Danger Mouse, un adepte de la musique dansante à tendance groovy, se retrouve dans tout l'album.

Mais bien avant le passage dans la tube-machine de Danger Mouse, les deux membres du groupe Electric Guest (Asa Taccone et Matthew Campton) ont passé près de 2 années à composer des dizaines de chansons. La rencontre avec l'influent producteur s'est faite par le frère d'Asa Taccone, l'un des membres du groupe humoristique The Lonely Islands (Asa Taccone a par ailleurs écrit et composé l'hilarante Dick in A Box). Suite à cela, l'écrémage dans les chansons a été lancé. ils en ont sélectionné peu, dix pour être précis, l'album est court, ramassé. Et sur les dix pistes choisies, le potentiel tubesque frôle justement le 10/10.

L'album commence ainsi sur Holes, qui porte bien son nom car la rythmique principale de la chanson semble étonnamment "à trou". L'aspect funky du disque s'affirme avec la deuxième chanson (et premier single de l'album), l'hymne à la danse This Head I Hold. Cette piste est d'une efficacité redoutable. Les claps sont omniprésents, la voix est haut perchée. En l'écoutant, on ne veux qu'une chose : SE DÉHANCHER !

Suit un Under The Gun à l'intro proche de No Doubt mais qui se dirige tranquillement vers la pop de Michael Jackson. La production de Brian Burton trouve une place prédominante sur certains morceaux, notamment Awake ou encore Amber, une ballade aux sonorités électro (et mon coup de cœur de l'album). Retour au groovy ultra-dansant sur The Bait et Waves (avec d'amusants sons rappelant un vieux manège et toujours les claps qui agitent le tout) puis arrive une belle fulgurance de la part d'Electric Guest, les neuf minutes de Troubleman démontrent que le groupe n'est pas que doué pour nous faire bouger, il arrive à nous procurer de belles ballades aux tonalités douces-amères. Encore une grande réussite pour ce morceau qui en regroupe en fait trois (et que Danger Mouse a proposé de regrouper).

L'album se conclut (déjà !?) sur American Daydream (où un rapprochement avec le projet Rome me semble assez évident) et Control, courte ballade de clôture.

Avec son ambiance dansante, le premier album d'Electric Guest est un incontournable de notre printemps. Capable à lui tout seul de faire bouger les jeunes et les moins jeunes, j'y retrouve la fraîcheur de Vampire Weekend mais avec une tonalité groovy en plus. Danger Mouse a encore fait une bonne pioche.
alfextra
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le 10 juin 2012

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