Mountains
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Album de Nils Lofgren (2023)

Nils, c'est le genre de mec qu'on aime retrouver même après des années sans s'être vus. Cette voix rassurante, ce jeu de guitare aussi doux que virtuose, le genre de mec à rendre des hommages à tout le monde alors qu'il a passé le plus clair de sa carrière dans l'ombre des grands (Bruce Springsteen, Neil Young) sans monter le ton, sans grogner. Le genre de type toujours partant pour prêter un coup de main ou pour prendre part à la construction d'une oeuvre en bon artisan du backing band. Alors oui de temps en temps il s'autorise des loopings sur scène, des cabrioles insensées comme pour exister. On oublie qu'il est l'auteur de quelques albums aussi doux que virtuoses, tiens, on en reparle de ce trait de caractère. Son premier album est un Classic Rock FM au sens le plus noble du terme. Des mecs comme Thin Lizzy lui ont piqué la vedette car ils étaient et plus nombreux et plus charismatiques, alors que les riffs de l'album éponyme de Nils n'ont rien à envier aux irlandais.

Car oui, on l'appelle Nils. Comme on appellerait Bruce Springsteen Bruce et Neil Young Uncle Neil. Une proximité étonnante car il y a quelque chose de foncièrement rassurant chez Nils Lofgren. Il est la générosité incarnée sans être l'artiste le plus fou qui soit. Il n'a fait aucun album majeur, mais ses live comptent parmi les plus précieux qui soient. Les amateurs de guitare louent le prodige et s'extasient sur son doigté sur youtube même à soixante dix piges. Neil Young n'en est plus capable et Thin Lizzy est mort depuis bien longtemps. Alors on se demande ce que vient faire Nils Lofgren avec Mountains, disque d'une propreté remarquable, si ce n'est une volonté assumée de rendre hommage encore et toujours à sa femme (Nothin' Easy), ses amis (Young, Crosby, Starr), ceux qu'il admire (Watts) au fond. Et ce dès son introduction, tube en puissance, Classic Rock FM que le Crazy Horse ne sait plus faire depuis longtemps : Ain't The Truth Enough et son pédigré d'un autre temps, pourtant si attachant. Only Ticket Out et son riff évident, Back In Your Arms et son hommage au Boss en bonne et due forme. Won't Cry No More pour se faire une raison, le batteur des Stones et bien mort, on y croirait entendre Knopfler.

On raconte que David Crosby s'est joint à l'aventure, lui aussi qui était si discret malgré son bonnet rouge; on ne sait pas bien où il est même si on croit entendre ses choeurs quelque part ou peut-être un arpège ou deux glissé ici ou là. Nothin' Easy où la guitare acoustique de Neil Young se joint à l'aventure, elle qui avait un peu de mal à se renouveler. Elle est ici superbe d'évidence là aussi. Si Mountains fonctionne à plein régime avant de s'essouffler un peu à force de tailler la pierre dans le massif, on aura apprécié le voyage en compagnie de ce type toujours là pour les autres, du Super bowl où il disparu des radars pour laisser le Boss et Steve Van Zandt prendre la lumière au Crazy Horse où il chauffait un peu trop le banc de touche. Mais après un hommage réussi à Lou Reed quatre ans avant, on n'avait pas eu d'album aussi personnel et bien troussé que Mountains. All Roads Lead Home manquait d'un réel patron. Ici c'est une autre affaire.

XavierChan
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le 28 juil. 2023

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