Voilà maintenant plus de 10 ans que Brother Ali est un squatteur récurrent de nos playslists, depuis la sortie de son premier projet/démo ‘Rites of Passage’ au début des années 2000 il est devenu l’un des plus fidèles représentant du label Rhymesayers. Au fil des années il s’est fait une solide réputation dans le milieu entouré notamment du producteur Ant (du groupe Atmosphere) avec qui il a sortie pas moins de 3 albums et 2 EPs dont le dernier en date ce LP ‘Us’ (2009). Si l’aventure avec Rhymesayers continue toujours, sur ce nouveau projet ‘Mourning In America And Dreaming In Color’, ce n’est plus Ant qui occupe la place d’unique beatmaker mais Jake One qui le remplace pour l’occasion.

Ce n’est pas un hasard de voir le drapeau Américain sur la pochette de ce nouvel album, pour ceux qui ne seraient toujours pas au courant, dans quelques semaines l’Amérique aura un choix important à faire entre offrir un nouveau mandat à Barack Obama ou se lancer dans une nouvelle aventure avec Mitt Romney. Brother Ali a toujours été très engagé politiquement, cet événement et surtout cet album est donc pour lui une tribune idéale pour nous faire partager ses interrogations et ses idées sur l’avenir de son pays. Une phrase de ce projet définit parfaitement l’angle avec lequel le MC de Minneapolis approche le sujet en question : « It’s home so we better make the best of it. I wanna make this country what it says it is ». Le thème étant posé d’entrée, c’était donc ensuite à Jake One de décorer de façon sonore le tout. Le beatmaker de Seattle, qu’on avait laissé avec cet excellent ‘Stimulus Package’ en collaboration avec Freeway, est un partenaire parfait pour donner à cet album une certaine profondeur dramatique au sujet dicté par Brother Ali.

Les morceaux ‘Letter To My Countrymen’ et ‘Only Life I Know’ ne pouvaient pas mieux ouvrir cet album, une introduction magnifique complétée par la présence de Dr. Cornel West suivie par ce petit bijou dans lequel Brother Ali revient fatalement sur la crise économique et ses conséquences désastreuses sur une grande partie de la population. On monte d’un ton dans la gravité de la situation avec ce très sombre ‘Mourning In America’, un beat qui colle parfaitement au sujet abordé comme souvent sur cet album, les 2 titres suivants ‘Gather Round’ et ‘Work Everyday’ font état de la même détermination de la part des 2 acteurs principaux. Avec le morceau ‘Stop The Press’, Ali revient sur les épreuves personnelles qui l’ont touché lui et son entourage depuis l’enregistrement de son dernier projet, un titre essentiel contrairement à ce ‘Need A Knot’ un peu perdu au milieu de cette tracklist. Sur cet album Brother Ali et Jake One sont tous simplement au niveau qu’on leur connaît, les lyrics et les beats s’assemblent naturellement pour notre plus grand plaisir.

Et si la seconde partie de ce LP n’est selon moi pas toujours aussi savoureuse que la première, on reste toujours scotché aux discours du rappeur de Minneapolis qui se lâche complètement sur cet excellent ‘Say Amen’, et que dire de cette pépite ‘Won More Hit’ dans laquelle Brother Ali compare astucieusement l’industrie du disque à de l’esclavage moderne. Un peu moins rentre dedans cette fin d’album n’en est pas moins très bonne avec ces très bon ‘Namesake’, ‘All You Need’ et ce parfait ‘Singing This Song’ qui referment idéalement ce projet. ‘Mourning In America And Dreaming In Color’ est un album complet qui encore une fois satisfera pleinement les fans de Brother Ali, son association avec Jake One est aussi séduisante que celle qu’il formait avec Ant.
matic
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le 5 mai 2013

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