Meshell Ndegeocello – No More Water : The Gospel Of James Baldwin – (2024)
Je suis Meshell Ndeegeocello depuis pas mal de temps, et ce, bien avant qu’elle ne devienne partenaire du célèbre label Blue Note. C’est un fait, il y a, depuis la mort des fondateurs du label, toujours eu, aux côtés des musiciens de jazz, un versant plus pop, plus commercial. On ne peut bien entendu reprocher aux dirigeants de vouloir remplir les caisses, d’ailleurs chacun bénéficie des moyens du label ainsi reconstitués, et en profite, quelle que soit sa chapelle.
Meshell pourrait en effet faire partie de cette catégorie-là, celle des musiciens situés hors parcours jazz, ou alors incidemment, mais peut-on dire aujourd’hui qu’un tel clivage, jazz versus non jazz, est pertinent ? La réponse est non, de l’eau a coulé sous les ponts, et le premier album de Meshell sur le mythique label avait été une belle surprise et surtout une magnifique réussite. « The Omnichord Real Book » était un magnifique premier jet qui demandait une prolongation ! Ce second album sur la major est particulièrement soutenu par l’ensemble de la planète jazz, y compris chez nous, par les deux principaux journaux de jazz le glorifient et le mettent à l’avant. Le nom de l’écrivain James Baldwin dans le titre rassemble largement et suffit à en faire un instrument idéologique.
Car qui aujourd’hui pourrait être contre les idéaux d’égalité ou de fraternité ? En tous cas pas ceux qui aiment et apprécient la musique « noire », même s’il reste vrai que les combats ne sont pas terminés et qu’ils doivent être menés. Pour autant cet album est certes militant, mais ne tourne pas forcément spécifiquement autour de Baldwin, enfin me semble-t-il, car il faut bien le dire, je ne maîtrise pas suffisamment la langue pour certifier grand-chose. Pourtant, malgré ma mauvaise volonté évidente pour faire l’effort, une partie reste compréhensible à mes oreilles, presque malgré moi…
C’est un peu le reproche que je ferais à l’album, mais il ne concerne que ma personne, il y a pas mal de « spoken word » et, il faut bien le dire, tout est chanson et texte ici, alors je passe forcément à côté. Mai, pour être juste, il me faut reconnaître que Meshell sait y faire pour me contrer, il y a en effet à la fin de la septième et magnifique pièce « Pride », une partie en français, dite par Caroline Fontanieu, extraite d’un texte de Baldwin, de quoi se plonger dans l’ambiance ici.
Le titre suivant, « Pride II » est également très bon, avec ses guitares qui visent justes, dans le final. La pièce dix, « Trouble » est elle aussi tout à fait remarquable et certainement une des meilleures ici. On pourrait également citer « Love », possiblement tubesque, il y a également « Hatred » que j’aime bien aussi. Pas mal de bons titres qui s'imprègnent au fil des écoutes…
Il faut dire que j’ai pas mal écouté l’album, son seul défaut me répétai-je, c’est de vous plonger dans l’ambiance d’une émission de radio, mais rien d’insupportable, en fait, sauf peut-être les exclamations répétées de « me too », en fin de parcours, qui en rajoutent quand même, mais j’aime bien cet album... et Meshell !