Dommage !

Dommage, oui dommage ! Ce deuxième album de U2 aurait pu être majeur si seulement il n'avait pas été aussi bâclé sur la fin ! "October" offre sept premières pistes franchement toutes réussies, avec évidemment leurs petites faiblesses, mais surtout une cohérence et une fougue de tous les instants. Leur talent et leur créativité sont encore plus mises à l'épreuve que dans leur premier disque, "Boy". Mais la deuxième partie juste après le titre éponyme "October" justement, est tout simplement catastrophique. On ressent évidemment le manque de temps et la sortie précipitée de l'album seulement un an après le premier le confirme.


Le ton général est plus triste et intime que dans "Boy", même si beaucoup de titres paraissent assez enjoués comme la première par exemple : Gloria. Une très belle chanson avec un refrain chanté en latin, un riff de guitare simpliste mais agréable. La voix de Bono est pure, on dirait presque une confession chrétienne pour demander l'absolution. Le solo de guitare est bien sentie par The Edge en forme puis une basse en slapping avant de relancer le refrain tous en cœur. Malheureusement, la production très proche du premier album ne nous évite pas les habituels bruits de bouteilles en verres ridicules qui se brisent on ne sait pas vraiment pourquoi. Mais je reconnais que ça a son charme...

La suite est de très bonne facture avec pour deuxième morceau "I Fall Down". Refrain tragique et puissant, solos de The Edge fins et précis, musicalité impeccable, une réussite. Mieux encore, on a à la suite l'une des chansons les plus posées et les plus réussies de toutes. Le riff de "I Threw a brick through a window" est aussi simple qu'efficace et se superpose idéalement avec le chant inspiré de Bono. Seul le final avec la reverb sur les tomes de batterie fait un peu tâche.
L'énergique Rejoice redonne un peu de piment au cas où on se serait un peu endormi avec un riff incisif de The Edge que l'on se prend en pleine poire. Chanson speed et bien structurée avec un faux solo de batterie pour bien relancer le refrain final, dessiné et colorié par le son de guitare splendide de The Edge (décidément quel bonhomme ce mec !).

"Fire" et son rythme légèrement reggae est le premier single de l'album. Encore une belle réussite, avec la contre toute attente, un solo de The Edge démoniaque qui fait partir le morceau dans un style plus proche du heavy grâce au soutien exceptionnel de la batterie de Larry. Adam n'est pas en reste et propose une basse elle aussi agressive quand elle le veut bien.

L'apogée de l'album, et probablement la chanson ultime de l'album, car elle tient à elle toute seule le disque sur un piédestal, il s'agit de l'époustouflante « Tomorrow ». Rien que les cornemuses à l'ouverture me donnent des frissons. Puis il y a ce pont gigantesque, qui se retient, se retient pour finalement tout lâcher musicalement. Et le solo de The Edge est digne des meilleurs tous titres de U2 confondus, avec la voix géniale de Bono qui se superpose et la fameuse cornemuse qui donne ce ton si mélancolique. Un grand moment.
La très triste « October » sert un peu d'interlude entièrement jouée et accompagnée au piano. Elle aurait pu finir cet album mais c'aurait été trop court pour le vendre.


Il a donc fallu qu'U2 nous balance quatre derniers morceaux qui ressemblent à des démos de qualité médiocre. La trompette sur « with a shout » fait juste de la peine lors du break, et le titre peine vraiment à convaincre en général. Et c'est d'ailleurs le moment de stopper le CD pour le remettre au début car le reste est insignifiant et ne sert vraiment à rien. Dommage car October aurait vraiment pu être un grand album de U2. Avec un son un peu plus travaillé et un peu plus de temps pour composer des morceaux dignes de ce nom, il aurait pu prétendre au titre de meilleur album de la première trilogie des années '80, devant War.