A world driven by extinction, only ends in extinction

Il pleut à verse dans le New Jersey. Dans les cœurs aussi s'infiltre cette eau épaisse et froide, cette eau maculée par les houilles des enfers, car se sont bien les brasiers de l'abîme céleste qui se déversent sur les folies de l'homme. L'ondée des anges est depuis longtemps devenue mirage, asséchée dans son dessein lumineux par la dépravation des braves.


Dans les ruelles pleines de flaques flasques, des ombres lugubres se déplacent au rythme d'un son puissant. Le béton noirâtre des rues est rongé par les sels du temps, d'antiques océans continuent d'en laper patiemment le ventre. Dans des mouvements saccadés et brises-nuques, les hommes sans regard déambulent. Plus violents, plus épiques, plus contrastés à chacune de leur sortie, le New Jersey résonne de l'écho de leur fureur de vivre, de leur peur d'une destruction imminente.


La ravissante Pandore a oublié dans sa course folle sa boîte mystérieuse et l'homme, dans sa gloutonnerie inassouvie, l'a ouverte. Il s'est délecté de son chaos, et soudain les maux se sont abattus sur l'humanité recouverte d'ombres. En gouttes épaisses et meurtrières, une armée de sauvages a rependu des flots de haine du Nord au Sud, et du Sud au Nord on ne parle plus que de cela, du grand démembrement d'un monde inondé par ses propres vices. La voix gutturale, le corps crispé sur un groove intemporel, les hommes sans regard psalmodient des mantras sombres et incisifs, parfaitement calibrés pour devenir de funestes et mémorables hymnes de l'apocalypse. Sous l'influence du Dieu Gojira, l'Humanité reste néanmoins contrastée, elle continue de cultiver une poésie inespérée, une progressivité alambiquée, et parfois un peu de douceur vient apaiser le déluge.


Enfin, après que l'assaut répété d'épiques mélodies prophétiques ait terminé son grand œuvre journalier, les hommes sans regard disparaissent dans les entrailles urbaines du New Jersey. Les dernières notes seront alors celles d'une sagesse tissée en filigranes dans les fibres de l'extinction, une poussière de lyrisme résigné à saisir en plein vol afin de mesurer l'infime fragilité du présent.

FlorianSanfilippo
8

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Créée

le 15 janv. 2022

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